Oran Aujourd'hui

Les «points noirs» qui gangrènent le cadre urbain

La semaine dernière, un placard publicitaire a été publié sur la presse locale annonçant que l’avis d’appel d’offres national N° 01/2022 pour les «travaux de reconstitution de la porte Caravansérail» est déclaré infructueux. Ce projet de réhabilitation de cette ancienne porte en pierre jadis exposée à la promenade Ben Badis, ex-Létang, avait on s’en souvient fait couler beaucoup d’encre et de jérémiades de la part de certains acteurs-défenseurs du patrimoine de la ville. Des écrits, faisant l’éloge appuyé d’un restaurateur de vieilles murailles installé en Hongrie, avaient même été publiés sur un journal oranais, invitant les autorités locales à lui confier le projet de restauration de cette fameuse porte du Caravansérail. Soucieuse du respect de la réglementation, la direction locale de la culture a donc lancé un appel d’offre aujourd’hui déclaré … infructueux. On sait que la vieille porte du «Caravansérail» est celle d’un édifice de style mauresque construit en 1843 par les militaires sur l’ancien boulevard du 2ème Zouave, l’actuel boulevard Hamou Boutlélis, qui servait de base d’hébergement et de restauration aux caravaniers et marchands venant vendre en ville les grains, viandes et denrées diverses. Le Caravansérail a été transformé en hôpital en 1883, avant d’être ravagé plus tard par un incendie. Seule la porte principale en forme de voûte a été épargnée et fut déplacée en 1955, pierre par pierre, pour être édifiée en décor d’une allée de la Promenade ex-Létang. Avec le temps, la porte du Caravansérail allait tomber en ruine, s’effriter et voir une bonne partie de ses pierres de taille disparaître. Mais bien curieusement, elle allait abusivement se forger une «dimension historique» grâce à certains acteurs qui ne la rattachent même plus à son bâtiment d’origine. Au point que bon nombre d’Oranais la considèrent à tort comme étant l’une des anciennes portes d’accès à la ville d’Oran «qui doit à tout prix être restaurée». On se souvient de l’idée avancée par un ancien wali qui avait suggéré d’installer la «porte du Caravansérail» une fois restaurée au futur jardin culturel» devant être réalisé sur l’assiette foncière de «batimat Etalian» une fois récupérée… Pour les mauvaises langues locales, cette «porte du Caravansérail», tout comme la carcasse de béton de l’ex-hôtel Château Neuf qui nargue le regard des Oranais depuis bientôt un demi siècle, illustre elle aussi l’ampleur des inepties et des dérives qui jalonnent le parcours urbain de la capitale oranaise… En quoi la porte de ce «Caravansérail» de l’époque coloniale serait plus précieuse à restaurer que la Mosquée du Pacha, le Palais du Bey ou plus simplement le marché de la Bastille et les nombreux «points noirs» qui gangrènent le cadre urbain ?
Par S.Benali

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