Oran Aujourd'hui

Lac Télamine: une zone humide en déperdition

Malgré son classement sur la liste Ramsar en tant que site écologique à protéger, le lac Télamine dans la wilaya d’Oran, fréquenté par plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs dont des flamants roses, reste à l’état d’abandon et de marginalisation avancée. Situé à cheval entre les territoires des deux communes, de Gdyel et de Benfreha, ce site de biodiversité, à haute valeur écologique, ne connaît aucune action ou initiative devant le protéger et le valoriser.

Bien au contraire, il est aujourd’hui abandonné et livré à la prolifération des déchets de toute sorte visibles notamment des deux côtés de la route qui le traverse, ce qui ne cesse d’amplifier la colère et les dénonciations sur les réseaux sociaux des Oranais amoureux de la nature et des militants écologistes de la région et même de tout le pays.

Sur la route menant vers l’usine de plâtre de Fleurus dans la commune de Benfréha, les conducteurs de véhicules peuvent contempler les nombreux amas de gravats et de débris de chantiers déchargés sauvagement le long de la route. Bien plus grave encore, une piste a même été récemment ouverte afin de permettre aux camions de pénétrer plus loin à l’intérieur du site pour déverser leurs chargements de débris de chantier en toute impunité.

Cette lamentable situation, décrite et dénoncée récemment dans un article de notre confrère à Ouest Tribune, ne cesse de s’aggraver face à l’augmentation du nombre de chantiers en raison de la croissance urbaine parfois incontrôlée, ce qui contribue au rétrécissement progressif du plan d’eau de cette zone humide livrée au laxisme des gestionnaires concernés.

Ces pratiques de déchargement illicites de déchets et de résidus de chantier sur une zone humide protégée constituent pourtant un délit devant être sévèrement condamné tant elles menacent l’équilibre et l’existence même de l’écosystème indispensable à la survie des espèces d’oiseaux qui le fréquentent durant leur long trajet de migration.

On sait malheureusement que cette culture de l’écologie et de la préservation de la biodiversité est loin d’être inscrite dans les préoccupations majeures de bon nombre de décideurs et de gestionnaires locaux accaparés il est vrai par bien d’autres priorités sociales inscrites au programme de développement local.

Et très souvent, c’est surtout «l’incivisme» des citoyens usagers qui est montré du doigt et installé en argument majeur pour justifier les carences et les dérives. Mais en réalité, la préservation et la valorisation des zones humides relèvent d’une ferme volonté d’action, soutenue par l’autorité de l’Etat devant prévenir et sanctionner les insuffisances et les abus.

Un peu à l’image de la prolifération anarchique des constructions illicites et des décharges sauvages, l’apparente incapacité des pouvoirs publics à éradiquer les fléaux depuis tant d’années ne pouvait qu’amplifier ces phénomènes et les inscrire dans une sorte de « banalité sociale » quotidienne, propice à une régression urbaine avancée… Jusqu’à quand?

Par S.Benali

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