EDITO

Les raisons d’une grâce

La grâce présidentielle est un pouvoir discrétionnaire accordé au chef de l’État, permettant d’annuler ou de réduire des peines infligées par la justice. Cette définition universelle suffit-elle à expliquer ce geste de clémence que s’autorisent tous les chefs d’Etat de la planète. Humainement, il signifie que tout être humain est faillible et conserve le droit ultime du pardon que lui accorderait la société, représentée par son premier magistrat. Cet acte apporte une dose d’humanisme à un pouvoir politique qui l’exerce prioritairement lors d’occasions rassembleuses de tout le peuple. Les détenus du monde entier attendent avec une pointe d’impatience ce genre de rendez-vous, dans l’espoir de bénéficier d’une grâce totale ou partielle.

En Algérie, comme ailleurs dans le monde, les grâces sont systématiques lors de grandes fêtes nationales ou religieuses. Cependant, il est dit que dans des conjonctures précises, cette grâce prend des dimensions bien plus sociales, voire politiques. Pour le 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, comme en d’autres circonstances nationales, la grâce n’a pas touché que des détenus condamnés pour des faits classiques. Il y a dans le lot des personnes graciées, cette fois, une volonté d’ouvrir une nouvelle phase, quelques années après le mouvement populaire du 22 février 2019. Le président Abdelmadjid Tebboune a, par cet acte de clémence adressé un message à tous les Algériens. La nouvelle Algérie sera plurielle, démocratique et forte, semble dire le chef de l’Etat. Forte, elle l’est déjà et l’a prouvé au niveau interne et international. Démocratique, elle l’est également puisque le peuple est régulièrement consulté. Plurielle, elle l’est sûrement et les opinions s’expriment en toute liberté, à condition de ne pas attenter à la sécurité publique.

Il reste qu’en aucun cas, la grâce présidentielle est un désaveu de la justice. C’est simplement un mécanisme juridico-politique qui relance le débat entre Algériens et crée de nouvelles perspectives pour le pays. Il ne faut pas y voir un traitement spécial pour certaines personnes en raison de leur statut ou de leurs relations. Dans le cas de la grâce décidée par le Président Tebboune, rien, absolument rien ne l’y oblige, sauf son engagement devant les Algériens à renforcer le lien de tous avec leur République, dans un contexte régional et international précaire. En d’autre terme, il faut voir cette grâce présidentielle comme un miroir des valeurs et des défis contemporains d’une Algérie en pleine mutation vers un statut d’Etat émergeant et pôle de croissance dans un nouvelle ordre mondiale multipolaire.

Par Nabil.G

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