EDITO

L’Histoire des peuples et de leurs tyrans

Nous vivons la fin d’une époque. Pas seulement celle des dictatures arabes. Nous assistons au décès d’une certaine manière de voir le monde. Pas seulement la fin de l’hégémonie occidentale, révélée par la guerre en Ukraine. Les choses évoluent tellement vite que l’on ne sait plus faire la différence entre l’actuel et le traditionnel, le monde trébuche visiblement. Il semble avoir perdu certains de ses repaires. L’axe de la domination n’est plus aussi solide qu’il ne l’était, juste avant le déclenchement de la pandémie de la Covid-19. Nous pensons, nous autres Algériens qui, en un siècle, avons traversé une colonisation de peuplement, une guerre de libération, un socialisme spécifique, un capitalisme sauvage, de très graves troubles sécuritaires pour finir par expérimenter la démocratie encore immature, au goût plutôt âcre, savons reconnaître la fin d’une époque.

A tout point de vue, la suprématie américaine n’est plus ce qu’elle était. Il y a une décennie à peine, elle était à son extrême. Au point où l’on devinait ce qui allait arriver à tel ou tel autre pays qui avait le malheur d’être dans le viseur de l’hyper puissance. Il y a quelques années, les pays tombaient comme des fruits mûres, les coups d’Etat sentaient le fric à plein nez et les révolutions se testaient dans le cybermonde avant de trouver des applications pratiques sur le terrain. Ce monde là, n’est pas tout à fait fini, mais les peuples ont ouvert les yeux et les Etats, à l’exception des européens vassalisés par les USA, craignent de moins en moins les sanctions américaines.

L’humanité est en passe de retourner à l’ancien temps où l’on sentait l’obligation d’expliquer au peuple la nécessité de se soulever, de chercher de vrais soutiens auprès de nations amies, de célébrer comme il se doit le ralliement d’un écrivain, un poète ou un grand scientifique à une cause juste. Le fait est que l’on veuille rompre avec la pensée du moment qui fait tourner le monde tellement vite que l’on sent souvent l’obligation de courir plus vite que le temps en décernant des prix Nobel pour un oui ou pour un non. L’époque où le prix Nobel valait quelque chose n’est malheureusement plus et l’affaiblissement de l’Occident peut nous y reconduire. La révolte des Palestiniens de Ghaza et leur volonté de ne plus mourir en silence est la parfaite illustration de cette nouvelle époque où les peuples sauront dire leur mot, comme les Algériens l’ont fait aux prix d’immenses sacrifices.

En cela la résistance des Palestiniens et leur détermination à ne pas céder quelque soit la férocité de la soldatesque sioniste est une lueur de ce nouveau monde. Débarrassée du régime fasciste et de l’Occident dominateur, la planète verra se lever le soleil avec une note d’espoir. C’est dire qu’aux temps des décolonisations qui ont vu le peuple algérien payer le prix de la libération de la moitié de la planète, succèdera ceux d’un monde multipolaire où les peuples écriront l’histoire future. Les Palestiniens ont en leur main ce formidable outil de faire l’Histoire.

Par Nabil.G

Articles similaires

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page