Région

Mostaganem : des journées théâtrales et des conférences en hommage à Ould Abderrahmane Kaki

Du 04 au 25 février, l’association « El Amel » d’Oran organise dans son petit théâtre des journées théâtrales et des conférences en hommage au défunt Ould Abderrahmane Kaki, dramaturge et vraie école du quatrième art en matière d’écriture et de mise en scène, à l’occasion du 28ème anniversaire de sa mort, survenue le 14 février 1995 à Mostaganem où il est né en 1934 au faubourg ancestral et populaire de Tigditt.

« Kaki n’est pas un homme de théâtre c’est un phénomène de théâtre » avait dit son défunt frère Mazouz, cinéaste. L’objectif de cette manifestation est de faire découvrir aux générations montantes cette personnalité artistique, son expérience, ses œuvres nombreuses qui ont bouleversé le quatrième art par sa belle et révolutionnaire initiative créatrice dans le domaine. A la fin des années 1940 et au début de 1950, Kaki commençait à briller comme comédien et écrivain de petites saynètes jouées dans le giron du mouvement scout, et c’est là qu’il a pris goût à la pratique dramatique. Son penchant à écouter les médahs à la place du faubourg de Tigditt depuis son enfance, lui a permis d’introduire « la halqua dans le théâtre ». Dans les années 1950, il forme une troupe théâtrale qui avait joué ses nombreuses pièces. Après l’indépendance du pays en 1962, Kaki et sa troupe s’installent au TNA d’Alger. En novembre de cette même année le défunt président de la République, Benbella et son hôte Ernesto Che Guevara avaient assisté à la présentation de la pièce théatrale « 132 ans » de Kaki, jouée par sa troupe et faisant états des étapes vécues par le peuple algérien durant l’occupation coloniale, de 1830 au 05 juillet 1962, date de l’indépendance de l’Algérie. A la fin du spectacle, Guevara dit à Benbella « vous avez réellement un théâtre révolutionnaire ». Il est utile de rappeler un témoignage de Jean Pierre Vincent, metteur en scène qui a connu Kaki de façon brève lors du stage d’art dramatique à Bouiseville (Oran) en 1961. « … Mais l’expérience la plus vive de ce stage a été pour moi le travail sur l’oiseau de Carlos Gozzi avec Ould Abderrahmane Kaki. Je n’oublierai jamais l’intensité amicale avec laquelle cet homme nous a communiqué sa force artistique ». « Et aujourd’hui, metteur en scène, je me sens encore redevable à Kaki de la disponibilité que je pense avoir en face des acteurs. Ce que j’ai appris de lui, c’est la vivacité unique, brillante de l’acte artistique, un acte qui, pour concerner les autres, doit d’abord me concerner moi-même en me brulant un peu. J’ai aussi découvert alors l’importance du travail corporel de l’acteur. La tradition française est plutôt langagière, littéraire, Kaki m’a ouvert un autre monde, celui de l’acrobatie du corps qui se fait parfois souffrir pour devenir beau et significatif ».

Charef N

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page