EDITO

Les dilemmes de la France

Très occupé à parlementer avec les belligérants du conflit qui secoue l’Europe, le Président français Emmanuel Macron ne néglige pas seulement sa campagne pour sa réélection à la présidence de la France. Il semble manquer aussi à d’autres rendez-vous qu’il a lui-même coché sur son agenda. Il s’agit d’un rendez-vous avec l’Histoire, celui des accords d’Evian signés entre la France officielle et le gouvernement provisoire de la République algérienne. Macron a mis l’accent sur l’importance particulière du 60e anniversaire de la fin de la colonisation française en Algérie. Il avait annoncé des initiatives fortes, mais peut-il, dans l’intervalle, avec plusieurs fers au feu mettre assez de lumière sur le dossier mémoriel qui empoisonne les relations entre l’Algérie et la France, du fait des agissement d’un lobby colonialiste qui veut maintenir la France d’aujourd’hui dans le déni de crimes de guerre.
La question de l’Histoire ne sera pas la seule à faire les frais de la guerre d’Ukraine. Il y a aussi le Mali que l’Hexagone est en train de perdre irrémédiablement. Après que son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, ait mis le feu au Sahel en envahissant la Libye et que l’autre président François Hollande ait stationné des milliers de soldats au Mali, Emmanuel Macron reçoit à la figure l’implantation de l’organisation militaire privée Wagner, dans un Mali qui ne veut plus du contingent français.
Comment fera donc le président français pour éviter que l’investissement politique et militaire parte en fumée ? La question est de mise, en ce sens que cet investissement a pris forme avec le feuilleton Bernard Henri Lévy qui a ouvert l’appétit de Paris sur les grosses réserves de pétrole et les mines d’uranium. Et pour cause, autant le soutien actif de Paris aux «révolutionnaires» libyens était, disons-le très intéressé, autant le maintien de la mainmise sur les ressources naturelles du Mali constitue une donne stratégique, notamment après que Macron ait annoncé la réalisation de plusieurs centrales nucléaires dans les vingt prochaines années.
En ces temps troubles en Europe de l’Est, la France qui est objectivement préoccupée par l’évolution de la situation dans ces deux pays du Maghreb et du Sahel, risque de voir lui échapper une zone qualifiée « d’influence », sans engranger le moindre bénéfice face à la Russie. La crise ukrainienne est principalement américano-russe. Lorsque ces deux super puissances s’entendront, la France n’aura pas droit de regard. Il faut dire que «l’investissement» en Libye a ouvert à la France les portes du Mali. Entre le pétrole et l’uranium, la France veut être chez elle en Afrique du nord. Dans tout cela, le dialogue mémoriel avec l’Algérie a toutes les chances de ne pas constituer une priorité. Une chance pour l’extrême droite en France…
Par Nabil.G

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