Ras El Ain : entre promesses et culte du renoncement
Selon des sources communales citées par la presse locale, une troisième phase de relogement des familles occupant le grand site de bidonvilles de Ras El Aïn sera lancée avant la fin de l’année en cours. Cette opération devrait en principe permettre à la wilaya d’Oran d’achever le nécessaire relogement de tous les occupants de ce grand bidonville afin de lancer le fameux programme de restructuration et d’aménagement du quartier. Un projet évoqué il y a plus de quarante ans et même ordonné par l’ancien défunt président Chadli au détour d’une visite à Oran. Malheureusement, les retards, l’incompétence et les balbutiements des anciens acteurs du vieux mode de gestion des affaires locales, conjugués au laxisme et à la prédation, ne pouvaient qu’accentuer les échecs et la régression. En quelques années, Ras El Ain, Kouchet El Djir, les Planteurs, « Coca » et bien d’autres sites allaient devenir de grandes zones de prolifération de bidonvilles et d’habitat précaire jamais connu à travers le territoire national. Et tous les walis successifs ayant hérité de ces dossiers classés «en instance» depuis des décennies étaient évidement incapables d’amorcer le moindre début de lancement d’un projet de restructuration tant les moyens étaient chaque année bien insuffisants à répondre aux nécessités de relogements des occupants avant démolition des baraquements. Et chaque année, avec l’exode rurale et la démographie galopante, le nombre d’occupants des habitations précaires n’allaient pas cesser d’augmenter, nourri au passage par des pratiques mafieuses de vente et de location d‘habitations illicites ou même de «lots de terrain» délimités souvent sur des parcelles boisées du domaine forestier. Aujourd’hui, après plusieurs opérations de relogement de centaines de familles, on parle toujours de futures réalisations d’équipements d’utilité publique et de diverses infrastructures sociales sur les terrains récupérés. On se souvient qu’après la deuxième phase de relogement qui a concerné 883 familles habitant ce quartier, le wali avait annoncé le lancement imminent d’une troisième phase de relogement des habitants de Ras El Aïn devant permettre disait-on, l’éradication totale et définitive de l’habitat précaire illicite dans cette importante zone péri-urbaine à fort potentiel touristique. Pas moins de 30 hectares de foncier devraient être récupérés à l’issue de ces phases de relogement des habitants de Ras El Aïn. Selon les services de la wilaya, «un bureau d’études aurait même déjà élabore une étude d’aménagement de Ras El Aïn incluant la création d’infrastructures, le réaménagement des routes, la réalisation de réseaux de gaz et d’eau potable, ainsi que la réalisation d’espaces verts et d’infrastructures scolaires et sanitaires. Mais pour des observateurs avertis, rien n’indique encore que toutes ces annonces de relogement et de futurs aménagements vont réellement permettre à court ou moyen termes de structurer et d’intégrer «Haï Si Salah», ex-quartier des bidonvilles des Planteurs, au vieux tissu urbain de l’ancienne ville d’Oran. Pour sen convaincre, affirme bon nombre, il suffit de contempler le parcours et l’état des lieux de cette ancienne grande bâtisse du vieil hôpital Baudens abandonnée depuis des lustres et promise de temps en temps à un avenir urbain des plus radieux. Des promesses de certains anciens décideurs, qui n’avaient d’égal que le mensonge et la fatalité des échecs et du renoncement.
Par S.Benali