Sites historiques et les urgences qui s’éternisent
Un séminaire national sur «le patrimoine culturel dans l’Ouest algérien» a été organisé lundi dernier au Musée national Ahmed Zabana d’Oran. Une rencontre entre connaisseurs et experts qui aurait, nous dit-on, permis de mettre en relief l’importance et la nécessité de «valoriser les sites archéologiques disséminés à travers les régions côtières de l’Ouest du pays».
Selon la responsable de la communication au Musée d’Oran, le littoral de la wilaya d’Oran constitue un atout important pour le tourisme grâce aux «nombreux sites et monuments archéologiques devant faire l’objet d’études et de recherches d’exploration approfondies». Une précision de taille qui remet en question toutes les convictions et certitudes avancées sur l’attractivité touristique des sites archéologiques sur le littoral oranais. En réalité, comme l’ont précisé les organisateurs eux-mêmes, ce séminaire sur le patrimoine culturel ne s’inscrit surtout que dans le calendrier des célébrations de la fête de l’Indépendance et de la Jeunesse arrêtées par les pouvoirs publics.
Il est vrai que des sites et monuments qui étaient jadis considérés comme des comptoirs commerciaux servant aux approvisionnements en produits et marchandises diverses, mériteraient d’être étudiés et valorisés. Parmi ces sites, on connaît surtout «Portus Magnus» et «Les Andalouses» à Oran, et Siga et Rechgoune dans la wilaya voisine de Aïn Temouchent. Le Musée national «Ahmed Zabana», a souligné la responsable de la communication, conserve d’énormes collections muséales, notamment des ancres de navires, ainsi que des morceaux de mosaïque de «Portus Magnus», qui sont classés au patrimoine national. La même intervenante a insisté, à juste titre, sur l’importance de valoriser ces sites en menant des études archéologiques approfondies. On a même évoqué lors de ce séminaire la forte probabilité de découverte d’autres nouveaux sites archéologiques côtiers qui seraient mentionnés dans certains anciens ouvrages littéraires.
Le «port des Dieux» à Oran, cité lors de ce séminaire en exemple de site à identifier et découvrir car évoqué dans des sources littéraires, ne concerne en réalité que les anciennes criques portuaires occupées aujourd’hui par les ports d’Oran et de Mers-el-Kébir. Ces premiers comptoirs étaient en effet connus sous le nom de «Portus Divini» ou Port des Dieux. Un nom, présument certains chercheurs, qui servait à désigner un site punique du nom d’Arylon, qui n’est connu seulement que par les textes antiques.
Par ailleurs, des professeurs enseignant notamment dans les universités de Mascara, Chlef et Tlemcen sont intervenus lors de cette rencontre pour appeler à l’intensification des études universitaires sur le patrimoine culturel des régions de l’Ouest du pays. Pourquoi pas, pourrait-on dire. Mais il se trouve qu’en termes d’urgences et de besoins pour la capitale oranaise c’est surtout la réhabilitation et la valorisation des sites et monuments à l’abandon, tels les anciennes mosquées et le Palais du Bey, qui devraient être pris en considération. En la matière, estiment les mauvaises langues locales, l’état des lieux désastreux des sites et monuments historiques n’a pas été évoqué un seul instant durant ce séminaire…
Par S.Benali