Syrie : quelle feuille de route pour le nouveau pouvoir ?
Damas connaît ces dernières semaines un ballet diplomatique assez remarqué. Il faut dire que tout le monde vient aux nouvelles et cherche à sonder les nouveaux dirigeants du pays. Les Occidentaux, qui avaient un vieux contentieux avec Bachar el-Assad et son régime et qu’ils ont combattu farouchement pendant 13 longues années, tentent de garder la main dans ce pays avec les nouvelles donnes politiques qui se sont dessinées depuis le 8 décembre 2024 après l’offensive éclair du HTC ( Hayat Tahrir Sham).
La dernière visite en date, qui a eu écho dans les médias, est celles des ministres des Affaires étrangères de la France et de l’Allemagne, mais comme toujours les médias, notamment français, se sont attardés sur les détails au lieu de s’intéresser au fond, faisant de la poignée de mains qui n’a pas eu lieu entre le nouvel homme fort de Damas et la ministre allemande, l’essentiel des commentaires. Encore une couverture ratée de la part de médias, donneurs de leçons, qui continuent par ailleurs à briller par leur silence face au drame auquel fait face la population civile à Ghaza. Mais, il faut dire, que de ce côté là il n’y a plus rien à attendre de médias qui n’ont plus aucune crédibilité et qui ont perdu toute objectivité il y’a déjà un long moment.
Mais revenons à l’essentiel, car il s’agit là de relever la grande dynamique de la diplomatie turque qui considère pratiquement ce qui se passe en Syrie comme une affaire interne qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité de ce pays. Ennemis déclarés de l’ancien régime, les Turcs veulent avoir leur mot à dire sur la construction de la nouvelle Syrie.
Il faut dire qu’à ce jour le nouvel homme fort du pays, Ahmed el Chareh, alias Abou Mohamed el Joulani, ne donne pas beaucoup d’indications sur ses vraies intentions de gouvernance, même si physiquement le chef du HTC a entamé un changement remarqué concernant sa tenue vestimentaire, où il s’est d’abord présenté en treillis militaire à la Che Guevara lors de sa première apparition à la mosquée des Omeyyades juste après son entrée en conquérant à Damas , avant d’opter pour un costume cravate sombre lors de la réception des diplomates étrangers.
Mais à y voir de près, le nouveau pouvoir veut redynamiser ses relations avec les pays arabes de la région. Et c’est en ce sens que son ministre des Affaires étrangères, Assad Al-Shaybani entame une tournée diplomatique au Qatar, aux Emirats arabes unis et en Jordanie, après son premier voyage officiel en Arabie Saoudite.
Il est certes trop tôt pour savoir où va la Syrie, mais ce qui est sûr, c’est que le pays et les nouveaux dirigeants sont suivis de très près par les puissances mondiales et celles de la région.
Par Abdelmadjid Blidi