Un acte de citoyenneté
Les partis politiques se sont accordés de manière non concertée sur l’obligation pour la scène partisane nationale d’inscrire son action au travers d’une participation régulière et soutenue à toutes les échéances électorales. Que ce soit les grandes formations politiques ou les plus petites, l’ensemble du paysage national entend s’éloigner de l’idée qu’une abstention ou un boycott fait avancer la démocratie algérienne. Cette posture, aujourd’hui unanime, peut s’apparenter à une victoire de la nation. Il reste cependant à donner un sens concret à la volonté de participer aux élections locales et législatives. Ces rendez-vous sont prévus au printemps prochain. Il n’est pas dit qu’elles fassent le plein d’électeurs, mais les partis donnent la nette impression de les préparer avec le plus grand sérieux.
Ces partis sont sur la bonne voie au sens où le vote citoyen constitue un moment fort pour toute République moderne. Cet acte renvoie aux fondements même de la nation et réaffirme le pouvoir qu’a le peuple sur sa destinée. Voter est un acte de citoyenneté, mais aussi un geste par lequel la société exerce son pouvoir légitime, celui de choisir ses gouvernants. Les élections sont l’expression la plus moderne de la gouvernance, pour la simple raison qu’il y a dans cet acte une notion de réversibilité au sens où tout mandat est limité dans le temps. Fondamentalement donc, le scrutin d’aujourd’hui est véritablement un rendez-vous crucial comme l’ont été les précédents et comme le seront les prochains.
Cela pour dire qu’il n’y a pas d’alternative aux élections dans n’importe quel pays au monde et notamment en Algérie. Rappelons-nous, au cœur même de la tempête sécuritaire des années 90, c’était par le vote lors de la Présidentielle de 1995 que le peuple a dit son mot et rejeté l’islamisme radical et son pendant, le terrorisme sauvage. Aujourd’hui, la situation est différente, l’Algérie est apaisée et la société entrevoit son avenir avec sérénité. Mais cela n’enlève en rien à l’importance du rendez-vous électoral, car c’est à travers des actes pareils que se construisent les grandes nations.
En définitive, la démocratie algérienne, comme toute démocratie moderne, se mesure chaque jour dans la capacité de ses institutions à se renouveler, à écouter et à corriger. Les prochaines élections locales et législatives doivent devenir le miroir d’un pacte citoyen vivant, qui engage les partis à rendre des comptes, les institutions à être plus accessibles et les citoyens à participer de manière éclairée et responsable. Si cette alchimie opère, elle officialisera davantage l’idée que la politique est moins l’affaire d’élites que celle d’une collectivité qui choisit ensemble les chemins de son avenir. A ces conditions, l’abstention cessera d’être une option par défaut et deviendra une préoccupation du passé, remplacée par une énergie civique qui propulse l’Algérie vers un avenir plus sûr, plus juste et plus prospère.
Par Nabil.G