Urgences et priorités dans la gestion et la sauvegarde du patrimoine urbain
On a appris la semaine dernière que la wilaya d’Oran envisage la création d’une unité spéciale rattachée à la Société de l’eau et de l’assainissement d’Oran (SEOR) qui serait chargée de «la gestion, de l’entretien et de la réhabilitation des anciens souterrains de la ville en vue de leur intégration… dans le circuit touristique oranais».
Une annonce qui a plongé il faut l’admettre bon nombre d’Oranais dans l’étonnement et l’expectative tant il est vrai que l’opinion locale ne s’est que très rarement interrogé sur l’existence et encore moins l’avenir urbain de ces anciens couloirs souterrains que l’on dit très nombreux.Selon un ancien urbaniste, ces anciens tunnels de la ville d’Oran, datant des périodes d’occupation espagnole et française, ont été depuis très longtemps abandonnés et mériteraient il est vrai d’être repris en charge et valorisés.
Mais on sait malheureusement que bien d’autres éléments importants du vieux patrimoine urbain, vestiges et témoins d’un riche passé, restent encore parfois à ce jour en attente de réhabilitation.
C’est à l’occasion d’une journée d’information organisée par la wilaya sur le thème «Cohésion régionale et développement urbain durable», rassemblant des chefs de daïras et des présidents d’APC de la wilaya, que la question de l’entretien des anciens souterrains de la ville a été abordée. Une journée d’études censée mettre en relief les contraintes et les insuffisances en matière d’action et de réflexion sur l’avenir urbain de la capitale oranaise.
Selon un urbaniste-enseignant oranais, rien de bien utile ou profitable ne pouvait être retenu de cette rencontre théorique sur le «développement urbain durable» rassemblant un public de gestionnaires peu averti.
Des gestionnaires et élus locaux dont bon nombre semblent ignorer que depuis plus d’un demi-siècle, la ville d’ Oran est restée en quête d’une stratégie maîtrisée et efficace d’urbanisation, subissant d’année en année les effets pervers d’une croissance démographique et urbaine sans précédent, se traduisant par une occupation aléatoire du foncier, une anarchie dans l’affectation des espaces urbanisables et un déséquilibre entre les extensions urbaines vers l’Est et l’Ouest de la Cité.
Une tendance qui devrait aujourd’hui être corrigée par une remise à niveau du territoire urbain permettant de relever les défis du progrès et de la modernité tant de fois proclamés. Malheureusement les tâtonnements et les échecs semblent encore pénaliser les efforts et les initiatives. A l’image du vieux projet de restructuration des anciens quartiers de Sidi El Houari et des Planteurs, ou plus récemment de ce projet d’aménagement de la zone Ouest de la cité, évoqué jadis par le défunt wali Rachid Merazi.
Un projet initialement qualifié de «Wahran el Jadida», une ville nouvelle, mais qui au fil du temps s’est réduit à une simple initiative de construction d’un grand ensemble d’habitat collectif dénommé «pôle urbain Ahmed Zabana». Un pôle d’habitat en manque d’attractivité et d’intégration dans le grand tissu urbain de la Cité.
Fatalement, cette initiative de la wilaya demandant «d’accélérer les procédures nécessaires à la mise en place et au lancement dans les plus brefs délais d’une unité de gestion des tunnels souterrains» ne pouvait être qualifiée sur les réseaux sociaux que d’initiative accessoire, loin d’être urgente ou prioritaire face aux grands défis qui se posent en matière de gestion et de sauvegarde du patrimoine historique et architectural encore visible en surface à travers le cadre urbain…
Par S.Benali