Village scientifique de la Sebkha : premiers signes de retards?
Avec la reprise du dossier par la Direction de l’urbanisme et de la construction en remplacement de la Direction des travaux publics, le fameux projet de Village scientifique fait l’objet d’une nouvelle approche dans la conception de l’aménagement global du site de la sebkha d’Oran, « Dhayet Morsli », une zone humide que l’on disait classée et devant être protégée.
Un site, rappelons le, qui traine depuis des décennies une bien humiliante réputation d’être un «point noir» hideux nuisible à l’environnement et à l’image de la Cité. Le changement d’organe chargé de la maîtrise d’ouvrage décidé en début d’année par les autorités locales a été, selon des observateurs avisés, un nouveau signe annonciateur de retards et de tâtonnements en termes de réflexion et d’études d’impact et de contenu de ce projet.
Bien plus qu’une simple décision administrative banale, le fait de transférer le projet au secteur de l’urbanisme et non plus à celui des travaux publics, indique une volonté des pouvoirs publics locaux d’inscrire l’opération dans un cadre plus élargi visant non seulement à éradiquer le grand «point noir» mais aussi et surtout à intégrer harmonieusement cette zone de la Sebkha dans le tissu périurbain de la ville à travers des aménagements d’espaces attractifs de promenade et de détente, de commerces, d’aires de pratique sportive et notamment de structures universitaires dédiées à la recherche scientifique.
Une ambition certes légitime, mais qui reste conditionnée par la levée préalable de bon nombre d’écueils et de contraintes liées à l’assainissement du site pollué par le déversement des eaux usées, domestiques et industrielles. Un objectif qualifié de vital et qui selon des experts ne devrait pas être supplanté par un projet de construction de bâtiments universitaires dans la cadre de la réalisation de ce fameux projet de village scientifique.
Un intitulé qui semble déjà placer en arrière plan l’impératif de sauvegarde et de réhabilitation de cette zone humide, un écosystème jadis célèbre pour la diversité de la flore et de la faune, dont de belles espèces d’oiseaux migrateurs qui ont déserté aujourd’hui le site gangréné par la pollution. L’étude du projet en cours au niveau d’un bureau choisi et retenu par l’ex-wali d’Oran, aurait fait l’objet nous dit-on, de quelques réajustements dans la conception de l’aménagement du site.
Mais rien n’indique encore que les procédures d’inscription et de finalisation du cahier de charge seront achevées dans des délais «appréciables». L’autre volet nécessaire et vital à la concrétisation du projet désormais appelé «village scientifique» de la sebkha, est celui du financement de ce projet inscrit au secteur de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction. On parle déjà «d’études de possibilités de mobilisation de ressources» à travers divers créneaux liés à différents secteurs, dont l’enseignement universitaire, l’environnement, les travaux publics, et l’investissement privé. Ce projet de village scientifique annoncé en 2023, qualifié par certains «d’unique en son genre» en Algérie et même ailleurs, semble bien parti pour allonger la liste des opérations vouées aux grands retards et aux grandes incertitudes. Surtout quand on constate que le vieux projet de rénovation et d’aménagement des réseaux d’assainissement vers la STEP d’El-Kerma, n’a jamais pu être mené convenablement.
Un projet, indispensable à l’assainissement et à l’éradication en urgence des déversements d’eaux usées dans la sebkha, mais qui traîne encore depuis cinquante ans…
Par S.Benali