La Tunisie a voté
Les Tunisiens avaient, hier, rendez-vous avec les urnes pour décider d’adopter ou pas la nouvelle Constitution que leur propose le Président Kais Saied. Malgré un travail de sape bien mené par la presse française qui n’a pas hésité à jeter le doute sur la démarche du chef de l’Etat tunisien, il semble que ce dernier bénéficie d’une popularité susceptible de l’aider sérieusement à faire adopter la nouvelle loi fondamentale du pays. Celle-ci suppose un retour à un régime présidentiel après l’échec patent de l’expérience parlementaire, sortie d’un processus constituant qui aura duré pas moins de trois ans. La République post-Benali a mis le Parlement au devant de la scène politique, lui octroyant beaucoup de pouvoirs. Qu’ont donc fait les députés des prérogatives étendues du pouvoir législatives ? Pas grand chose de bien. La République naissante a laissé tous les privilèges octroyées par le régime de Benali aux serviteurs du système. Elle a fermé les yeux sur la corruption qui a pris des proportions immenses et impliqué une bonne partie du personnel politique. Le résultat de près de dix ans de gouvernance aura été une pléthore de Premiers ministres et de ministres inutiles, un parlement déphasé des réalités du peuple et une société désabusée.
Il fallait donc que cela change. Le Président Saied fait table rase du système né de la « révolution du Jasmin » et trace une nouvelle voie plus autoritaire, mais aussi moins chaotique que celle qui a permis au terrorisme et au radicalisme religieux de trouver une place dans une société réputée ouverte sur le monde. Sur les plusieurs options mises en place par les spécialistes, celle qui s’est concrétisée était la moins intéressante. Et pour cause, l’on a vu un Etat mal organisé face à une organisation terroriste bénéficiant de réseaux de soutien recruté parmi les salafistes radicaux. Ceux-ci ont gonflé les rangs de Daesh en Irak et en Syrie et fomenté de terribles attentats en Tunisie, avec l’objectif de faire imploser le pays, en le frappant dans le cœur de son économie, son industrie touristique. Cette stratégie claire comme l’eau de roche n’a pas été efficacement combattue par la Tunisie parlementaire qui assistait impuissante à la descente en enfer.
Aujourd’hui encore, le pays baigne dans la crise. Le FMI menace et le front social gronde. Face à cette épreuve que l’on sait très difficile pour toute la société, Il faut faire montre de solidarité avec les Tunisiens et les Tunisiennes qui craignant le pire pour leur pays, espèrent sans doute voir un changement de régime provoquer le déclic salvateur. Durant les années noires du terrorisme et du programme d’ajustement structurel du FMI en Algérie, nos voisins ont été exemplaires dans leur solidarité. Personne ne leur souhaite de vivre ce que nous avons vécu, mais quoi qu’il arrive, nous avons le devoir de solidarité envers nos voisins. Et ce quelque soit le résultat du référendum.
Par Nabil.G