Une ineptie urbaine bien prévisible
Le vieux projet de réalisation d’un parking à étages à M’dina Jedida, lancé il y a plus de 15 ans, fait toujours partie des dossiers en instance hérités d’un wali à un autre parfois depuis de longues décennies.
Un peu à l’image de la fameuse tour en béton qui devait être «l’Hôtel du Chateauneuf» implanté sur un site historique célèbre, l’idée même de construire un parking à étages sur cette enclave urbaine inadaptée au milieu d’un marché était jugée saugrenue par tous les architectes urbanistes oranais.
Sauf, évidemment, par ceux qui étaient affiliés à certaines sphères d’influence sur le pouvoir local pour défendre des intérêts bien particuliers.
Implanté près du marché, aux abords de ruelles étroites envahies de commerces ambulants, et avec des difficultés d’accès connues de tous les Oranais, ce projet a été malgré tout lancé en 2015 par la wilaya et a connu plusieurs réévaluations financières et prorogations de délais, Un projet qui a reçu un budget total de 556 814 253 DA, dont 11 635 533 DA pour l’étude et le suivi, et qui demeure à ce jour inexploité.
Malgré de nouveaux travaux d’aménagement sur les gros œuvres et la charpente métallique, lancés en 2006 pour un montant initial de 229 309 879 DA et une durée annoncée de 16 mois.
Mais les travaux se sont vite arrêtés pour de curieuses raisons «d’absence d’un bureau d’étude chargé du suivi».
Deux ans plus tard, en mai 2008, les travaux ont repris, portant sur des modifications successives dans la structure de l’édifice et augmentant le coût total du projet à plus de 20 % du montant initial.
Puis en décembre 2011.
Un autre marché relatif aux travaux de corps d’état secondaires, pour un montant de 184 503 746 DA et un délai de 16 mois, allait lui aussi faire l’objet de 5 avenants modifiant la nature des travaux, et élevant le montant à 207 694 627 DA supplémentaires.
Des travaux réceptionnés en juin 2018, avec un retard de plus de 5 ans mais qui n’ont pas pour autant débloquer la situation.
D’autres travaux concernant le désenfumage, d’un montant de 25 189 920 DA, ont fait l’objet d’un marché en décembre 2019 mai n’ont jamais pu être lancés en raison de la non-approbation par la direction de la protection civile de l’étude initiale jugée non adaptée au système de désenfumage préconisé pour ce projet.
Finalement, face à toutes les difficultés rencontrées pour la concrétisation d’un «impossible projet de parking», un ancien wali, a pris l’initiative, en juillet 2018, de signer une convention avec l’entreprise de l’éclairage et de signalisation d’Oran (ERMESO) pour lui transférer la gestion et l’exploitation de cet ouvrage en contrepartie du paiement de 50% des revenus, à partir de la deuxième année d’exploitation.
Une façon, disent les mauvaises langues, de «débarrasser» le bureau du wali de ce dossier encombrant.
Un dossier qui, selon des observateurs, risque fort de revenir un jour à la une de l’actualité locale et nationale compte tenu des montants faramineux dépensés et gaspillés dans une ineptie urbaine tout à fait prévisible…
Par S.Benali