Déficit de communication
Il fut un temps où l’on assistait souvent à Oran à des colloques, journées d’étude et autres conférences autour des grands thèmes liés aux enjeux du développement local, à la croissance urbaine et à la gestion de la grande ville. Aujourd’hui, malheureusement, l’information et la communication institutionnelle se réduisent au simple énoncé des calendriers de visites, de déplacement ou de réunions des principaux gestionnaires concernés, sans que le citoyen oranais ne soit éclairé sur l’impact et les objectifs des grandes décisions de dépenses publiques engagées.
Face aux nombreux grands dossiers toujours en instance, tels que le vieux bâti oranais qui s’effrite, les sites et monuments en attente de réhabilitation, la prolifération des bidonvilles et les limites de la politique du relogement, le commerce informel en constante progression, l’anarchie dans le transport et la circulation, la collecte des ordures ménagères, la maintenance du cadre urbain, et les fléaux et dérives qui gangrènent le fonctionnement de certaines activités sociales, les pouvoirs publics en général et la municipalité en particulier demeurent incapables d’apporter des solutions efficaces et durables.
La mairie oranaise, contrairement à celle d’Alger, de Tizi ouzou ou même de Mascara, ne dispose même pas d’un site internet officiel lui permettant de communiquer, d’expliquer, de débattre et de partager sa démarche de gestion avec les administrés. A ce jour, une majorité d’Oranais ne connaissent d’ailleurs même pas le nom de leur élus locaux ou nationaux.
Sauf peut-être quelques abonnés au compte Facebook de la mairie qui découvrent au quotidien les images sans contenu précis de réunions internes ou de cérémonies récurrentes d’hommage et de remises de prix à des personnalités locales. Mais pourquoi, insistent des observateurs avisés, rien n’est communiqué aux habitants concernés voulant savoir par exemple pourquoi le projet d’aménagement de la rue de la Bastille a été abandonné ? Pourquoi la Mosquée du Pacha et le Palais du Bey tombent en décrépitude depuis des années, pourquoi les marchés couverts sont désertés? Pourquoi des sites urbains sont soi-disant aménagés en espaces verts pour être ensuite abandonnés et peu fréquentés? Pourquoi une «plage artificielle» a été créée aux genêts pour être ensuite interdite à la baignade à cause des eaux usées? Pourquoi des projets annoncés depuis des années, comme le marché des véhicules d’occasion, la restauration de l’Hôtel de ville ou l’aménagement de la tour de l’ex-hotel Châteauneuf tardent à être achevés et livrés ? Et la liste des «pourquoi» serait encore bien trop longue à énumérer.
Rares aujourd’hui sont les élites universitaires, intellectuelles ou même politiques qui s’impliquent avec compétence et engagement dans un débat constructif sur le développement local et l’aménagement urbain du territoire de leur collectivité locale.
Par S.Benali