La fatalité du vieux bâti ne cesse de gagner du terrain
En Janvier 2011, il y a déjà plus de dix ans, un projet bien mal ficelé de restauration de l’Hôtel de ville d’Oran a été confié à un «groupement algéro-italien» qualifié à l’époque de « leader dans le domaine de la construction et de la restauration des vieux immeubles». Quelques mois plus tard, on allait apprendre que cet opérateur a montré des failles et des carences dans la conduite des travaux et l’encadrement du chantier. Cela allait fatalement conduire à la résiliation du contrat par les autorités et gestionnaires concernés qui dénoncent les retards et les tâtonnements nuisibles à l’avancement des travaux et à la concrétisation rapide de ce projet vital au bon fonctionnement de la grande APC oranaise. Des retards qui allaient d’ailleurs s’aggraver suite à la décision de ce «groupement algéro-italien» de saisir les tribunaux pour statuer sur le « litige financier et commercial » qui l’opposait à l’administration locale. Un recours qui ne pouvait que « bloquer » la reprise du chantier en attendant la décision du tribunal.
Après la résiliation du marché conclu de « gré à gré » avec cet opérateur, les autorités locales avaient lancé deux ans plus tard un appel d’offres qui a été remporté par ce même groupement algéro-italien, et un nouveau contrat, d’un montant initial à l’époque de 700 millions de dinars; a été signé en septembre 2014. Selon les délais fixés par le contrat, la première tranche de ce projet concernant le ravalement et la restauration de la façade du siège de l’Hôtel de ville devait être livrée au plus tard en Janvier 2014. Mais c’était sans compter sur les retards et les anomalies dénoncées par les mauvaises langues locales pointant du doigt l’arnaque et les tricheries de cet opérateur qui faisait appel en réalité à la sous-traitance des travaux par des artisans locaux capables, au mieux, de rafistoler de banales façades d’immeubles délabrés.
Ce créneau de la réhabilitation et restauration du vieux bâti a été il est vrai investi par bon nombre de « micro-entreprises », créées grâce aux soutiens et aux aides de l’Etat accordées aux jeunes chômeurs. Des mini-opérateurs qui auraient profité de leur « tissu relationnel » forgé au gré des mandats des APC successives. Revêtement aléatoire des chaussée, rafistolage des trottoirs, clôtures et entretien de présumés jardins et aires de jeux, et bien d’autres « petits chantiers » allaient servir de rampe de lancement à certains acteurs parfois impliqués eux-mêmes ou par un proche interposé, dans la gestion des affaires municipales.
Le projet de restauration du siège de l’APC a ainsi connu un arrêt et un énième échec, offrant le triste décor des échafaudages hideux qui défiguraient le cadre urbain de l’Historique place du 1er Novembre. Il a fallu attendre l’implication d’un grand opérateur connu à Oran pour sa compétence et sa rigueur, pour que la façade de la mairie soit enfin restaurée à la grande joie des passants et des visiteurs. Mais les contraintes administratives et financières et les lourdeurs bureaucratiques allaient empêcher le lancement de la seconde phase des travaux concernant la restauration des structures intérieures du bâtiment.
A ce jour, l’enceinte intérieure du bel édifice reste dans un horrible état de dégradation et d’effritement nécessitant des travaux spécifiques importants de consolidation des murs et des plafonds. Le fléau, ou la fatalité, du vieux bâti en voie d’effondrement ne cesse de gagner du terrain…
Par S.Benali