Publications et projets d’édition sur l’Histoire et les monuments de la ville d’Oran
La «Casa Mediterraneo», un organisme culturel espagnol basé à Alicante s’apprête à éditer un ouvrage de présentation de la ville d’Oran, une sorte de «guide» descriptif des aspects urbains, économiques, culturels et sociaux de la capitale de l’Ouest algérien.
L’institution espagnole a choisi pour cela de retenir l’écrivain algérien, Yasmina Khadra, pour jouer le rôle à la fois de guide et de témoin exprimant ce que la ville évoque pour lui et qui sera retenu dans le contenu final de la publication. Un contenu qui sera nous dit-on enrichi par des illustrations de l’artiste espagnole Ana Oncina. Selon des commentateurs avisés, cette future publication sur la ville d’Oran ne sera donc qu’une série de témoignages personnels, forcément subjectifs, comme ce fut le cas pour d’autres publications du même genre réalisées par le même organisme sur d’autres villes méditerranéennes telles Tunis, Alicante et Barcelone.
Le projet consacré à la ville d’Oran a été lancé il y a quelques jours lors d’une rencontre entre l’écrivain algérien et Paqui Santonja, la directrice de la «Casa Mediterraneo». Les initiateurs expliquent que ce ne sera pas un livre sur l’histoire de la ville, mais sur les sentiments et les impressions que cette ville peut susciter et nourrir à travers le ressenti et le vécu de l’auteur choisi en tant que «guide-témoin».
L’initiative, qui reste évidemment à saluer en tant que projet littéraire comme un autre, a été néanmoins abusivement critiquée et controversée par quelques intellectuels oranais qui considèrent que leur cité mériterait une autre approche plus réaliste et globale devant valoriser son riche passé historique et son image urbaine. D’autant plus qu’il s’agit d’un «guide» censé répondre à des interrogations sur le passé et le présent d’une cité méditerranéenne riche de plus de 1100 ans d’histoire.
Une cité qui fait face à Alicante de l’autre côté de la mer et qui s’inscrit dans une proximité historique avec l’Espagne mérite de faire l’objet d’un ouvrage évoquant non pas le seul ressenti d’un écrivain aussi notoire soit-il, mais des points de vue d’experts, historiens, architectes, sociologues et autres universitaires voulant rehausser le niveau d’informations et de communications en ce domaine. A l’exception de deux ou trois ouvrages sur Oran et sa mémoire, édités ces dernières années par une sphère associative avec l’aide de la Communauté européenne, rien de bien notable n’a marqué le paysage des publications sur le parcours historique et urbain de la grande cité oranaise. Selon des «mauvaises langues» locales, le fait d’utiliser la renommée indéniable de l’écrivain algérien pour publier un ouvrage-témoignage sur la ville d’Oran «relèverait surtout d’une simple technique commerciale».
Yasmina Khadra, l’auteur algérien le plus largement traduit en Espagne a reçu l’an dernier un prix décerné par cette même institution «Casa Mediterraneo» sous tutelle du ministère des Affaires étrangères. Bon nombre de commentateurs sur les réseaux sociaux soulignent, à tort ou à raison, que l’approche des initiateurs espagnols de cet ouvrage repose aussi sur une certaine tendance à vouloir surtout mettre en relief «l’inflence culturelle laissée en héritage» par trois siècles de présence espagnole en Oranie.
La première visite effectuée par les initiateurs du projet a eu lieu à El Maleh dans la wilaya de Aïn Témouchent, un village jadis appelé «Rio Salado» et habité à l’époque par des colons viticulteurs venus d’Espagne. Ce qui semble donner le ton au contenu de cette publication qui risque fort de nourrir des polémiques et des critiques… mêmes abusives.
Par S.Benali