Un scénario inquiétant
«Les propos du président américain sont très mauvais, il ne veut clairement pas améliorer les relations avec notre pays», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Cette déclaration du porte-parole du Kremlin fait suite à l’interview donnée par le président américain Joe Biden à un media américain où il avait qualifié Vladimir Poutine de «tueur». Une sortie très peu diplomatique, il faut en convenir, et qui rompt brutalement avec le ton plutôt modéré, du moins sur le plan interne, du nouveau locataire de la Maison Blanche en comparaison avec le sulfureux Donald Trump.
Mais là, c’est une toute autre histoire à laquelle nous invite la nouvelle administration américaine. Et il ne faut pas croire que le Kremlin fera profil bas face à la sortie de Biden. D’ailleurs, c’est le président Poutine qui a été le plus prompt à réagir, accusant à son tour le président américain d’être lui le tueur. Tout cela peut ressembler à une petite chamailleries entre adolescents dans une cours de récréation, sauf que nous sommes en face des deux superpuissances militaires au monde.
Cette première salve verbale entre Washington et Moscou pourrait ne pas trop nous intéresser, car se passant à des milliers de kilomètres de nous, serions nous tentés de croire, mais c’est loin d’être le cas. Car quand les choses se dégradent dans les relations entre ces deux géants, il faut s’attendre à de grandes tensions dans le monde. Les deux pays ne s’affronteront jamais directement, mais ils allumeront à coup sûr des guerres par procuration un peu partout dans le monde et notamment, et comme presque toujours, dans notre région arabo-sahelienne.
Les risques de voir des conflits, pourtant aujourd’hui en voie de règlement, comme en Libye, en Syrie ou au Yémen, replonger dans de nouvelles violences est plus que probable. La crainte de voir d’autres conflits et d’autres pays encore déstabilisés dans notre région est une éventualité plus que sérieuse quand on connaît l’influence des Russes et des Américains sur les régimes arabes.
Plus encore, il ne faut pas exclure ni s’étonner de voir les mouvements extrémistes revenir sur la scène politique et militaire dans ces pays. Nous sommes quasiment au début de la même configuration que nous avons connue dans les années 2010-2012 et qui avait plongé plusieurs pays arabes et sahéliens dans une grande tourmente et des guerres des plus violentes et des plus sanglantes.
Par Abdelmadjid Blidi