EDITO

Doute sur les élections

Un sérieux doute plane sur la tenue des élections présidentielles en Libye à sa date initiale, c’est-à-dire le 24 décembre prochain, autrement dit dans deux jours. La campagne prévue pour ce rendez-vous décisif a déjà été annulée, et aucun des quelques 80 candidats en lice n’a pu organiser aucune des rencontres prévues avec les électeurs.
Avant hier lundi, le chef de la haute commission électorale s’est voulu rassurant, en avançant que pour sa commission »il n’y avait aucun problème technique à tenir les élections à la date prévue ». Sauf que tout le monde sait que le problème est avant tout politique et que toute la préparation et le processus politique a été mal engagé dès le début. D’ailleurs le même responsable a tenu à apporter une certaine nuance à ses propos en rappelant qu’ « Il n’appartient pas à la commission électorale d’annoncer le report des élections, seul le Parlement est habilité à donner l’ordre de les annuler ou les reporter ».
Ces élections ont commencé à tanguer depuis la déclaration de candidature des deux noms que sont le maréchal Khalifa Haftar et Seif el Islam el Kadhafi. A cela s’ajoute des informations sur de prétendues pressions et menaces exercées sur la commission électorale et même sur la justice par certaines parties qui veulent imposer leurs candidats. Surtout que l’on ne sait pas encore les résultats des recours déposés par les candidats recalés, mais aussi on ignore même les noms de tous les postulants. Une situation kafkaïenne qui ne fait qu’ajouter le trouble au trouble.
Toutes les règles du jeu ne semblent pas être respectées en l’état actuel des choses, et le report semble inévitable pour ne pas compliquer les choses plus qu’elles ne le sont actuellement. Bien sur ce report ne signifie nullement l’abandon du processus électoral parrainé par l’ONU, mais il s’agit, comme dirait l’autre, de reculer pour mieux sauter, et surtout éviter une déstabilisation encore plus grave d’un pays qui est encore loin d’être pacifié, et où les milices armées et les mercenaires étrangers continuent de peser sur la situation sécuritaire.
Les élections du 24 décembre étaient censées marquer un début de solution aux crises multiformes que connaît la Libye depuis 2011, et non le début d’un autre grand chaos et d’une remise en cause de la légitimité des urnes qui pourrait être cette fois fatale pour ce pays maghrébin.
Par Abdelmadjid Blidi

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