Culte des apparences et règne des conflits
Il y a une vingtaine d’années, un ancien wali en poste avait installé une commission spéciale chargée de la «remise en ordre» du cadre urbain collectif. Cette commission, la énième du genre, était composée de tous les représentants des structures locales concernées par le «désordre planifié» qui gangrène le tissu urbain oranais depuis de longues années. L’urbanisme et la construction, l’environnement, le commerce, les transports, ainsi que les services de la daïra et de l’ APC étaient appelés à se «réunir» chaque semaine pour mettre en oeuvre une stratégie de lutte contre tous les fléaux urbains qui altèrent l’image de la Cité. Mais comme le soulignait à chaque fois les mauvaises langues oranaises, l’initiative du responsable locale relevait de ces «missions impossibles» propres aux carences irréductibles du système de gestion des affaires locales. Tant il est vrai que le laxisme collectif et l’incompétence partagée ne pouvait être éradiqué par la magie des commissions et des réunions sans impact réel sur l’état des lieux à chaque fois dénoncé. A l’époque, le wali aux commandes voulait lui aussi éradiquer du paysage urbain toutes les tares et anomalies qui ternissent l’image de la ville: les trottoirs et espaces publics occupés illégalement, les façades d’immeubles délabrées, truffées de paraboles et de linge au soleil, les extensions anarchiques et illicites d’appartements et de locaux à travers les quartiers, les enseignes commerciales anarchiques, et bien évidement les tas d’ordures et de détritus entassés dans les coins et recoins du tissu urbain central et périphériques. Des «points noirs», disait-on, devant être recensés et traités dans les meilleurs délais. Mais comment, s’interrogent les observateurs, ce genre de «commission d’assainissement», pourrait réussir là où toutes les structures concernées ont échoué et connaissent des échecs retentissants? En quoi une commission, même avec des attributions et des prérogatives élargies, serait en mesure de remplacer toutes les institutions officielles chargées des dossiers urbains importants tels que la construction, l’habitat précaire, le vieux bâti, la gestion des caves et des terrasses, le logement, le tourisme estival, la collecte des déchets ménagers voire même le ramassage des chiens errants… Aujourd’hui, l’amoncellement des ordures non ramassées, au centre ville et dans plusieurs quartiers, prouve s’il le fallait l’ampleur des contraintes et des défaillances cumulées au fil des années par les APC successives, toujours pénalisées par le déficit de compétences, le culte des apparences et le règne des conflits de clans et des zizanies.
Par S.Benali