EDITO

Un logiciel d’analyse obsolète

L’Afrique change et la France ne veut pas changer de paradigme. Paris n’arrive pas à se défaire de la révolue françafrique qui a pourtant bien vécu et ne peut plus être un levier dans les relations entre l’ancien colonisateur et les pays africains.
Les derniers développements dans les relations entre Bamako et Paris renseignent sur cette vision hautaine et inacceptable de la France envers ses anciennes colonies, dont Paris se croît encore le tuteur. Les malheureuses déclarations du ministre des Affaires étrangères français, Yves Le Drian, prouvent encore une fois, s’il le faut, cette fâcheuse manie française de croire l’Afrique un terrain conquis et ses gouvernements des assujettis aux desideratas et au bon vouloir de Paris.
Le Drian qui a , peut-être, été un bon ministre de la Défense sous Hollande, collectionne les gaffes et les sorties de route en tant que chef de la diplomatie sous Macron. Sinon comment expliquer et interpréter sa déclaration sur une décision souveraine des Maliens qu’il a qualifié de « mesures irresponsables » d’une junte « illégitime », après que Bamako a demandé le retrait des soldats danois qui venaient d’être déployés dans le pays.
La réaction des Maliens ne s’est pas faite attendre et ils ont notifié à l’ambassadeur français « de quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», justifiant cette décision par les « les récentes déclarations hostiles des responsables français à leur encontre».
Ainsi c’est toute la présence française sur les terres africaines qui est remise en cause, d’autant plus que l’opération Barkhane se présente comme un grand fiasco qui a peu changé la donne sécuritaire dans le Sahel, où les groupes terroristes sévissent toujours et menacent la paix et la sécurité dans plusieurs pays.
L’autre donne importante qui semble échapper aux Français, c’est le fait que ces pays africains se sont émancipés de la mainmise française, avec l’apparition d’autres acteurs internationaux sur la scène africaine, bien plus balaises économiquement comme la Chine en premier, la Turquie et même la Russie à un degré moindre.
Tout cela pour dire que l’Afrique change, alors que la France n’a pas encore intégré cette importante donne dans son logiciel d’analyses, se croyant toujours être là seule puissance qui a tous les droits sur des peuples qui ont décidé depuis longtemps de s’émanciper de l’encombrant ancien colonisateur.

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