Contraintes et paradoxes dans la gestion municipale…
En ce premier mois de la nouvelle année 2022 la ville d’Oran n’a jamais été aussi sale. Un constat amer partagé par tous les habitants et tous les visiteurs de passage dans la capitale oranaise. Mais, paradoxalement, cet état des lieux lamentable de l’hygiène et du nettoiement, généré en partie par la grève des collecteurs privés des ordures ménagères, n’a pas provoqué outre mesure un élan collectif de protestation ou de colère des citoyens à travers les quartiers les plus touchés par l’amoncellement des détritus. Même les acteurs sociaux, des sphères associatives et politiques, affichent un silence étonnant et désabusé face à la détérioration de l’image de la ville prise en otage par les dysfonctionnements récurrents du mode de gestion des affaires municipales. Même au centre ville, des coins de rue ont été transformés en décharge sauvage. Et les efforts des agents de nettoiement relevant des secteurs urbain, de la division de l’hygiène et de l’assainissement, et les quelques concessionnaires qui acceptent encore de participer aux actions de volontariat pour faire disparaître quelques «points noirs», sont loin de suffire à assainir le terrain et nettoyer le cadre urbain de ces centaines de tonnes d’ordures ménagères rejetées chaque jour. Et les Oranais semblent encore plus choqués par le scandale de gestion des contrats de certains concessionnaires privés qui seraient payés pour des prestations non effectuées, alors que d’autres opérateurs intègres ayant réalisé leur travail n’ont pas encore été payés parfois depuis plus d’un an. On sait d’ailleurs que le wali d’Oran lui-même avait ordonné l’ouverture d’une enquête sur ce dossier des prestations fictives payées à des concessionnaires de collecte des ordures sur la seule présentation de la carte grise d’un engin supposé être sur le terrain. De façon générale, c’est toute la problématique de la collecte des ordures ménagères à Oran qui, depuis des années, ne cesse d’être au cœur des échecs et des balbutiements. On sait pourtant que plusieurs études et analyses ont été par le passé commandées et payées rubis sur ongle à des bureaux d’études privés présumés intègres et compétents. Mais à ce jour, aucun schéma fiable et crédible n’a été mis en œuvre pour organiser et gérer correctement les opérations de collecte des ordures dans la ville d’Oran. La création par les autorités locales d’une entreprise de wilaya chargée de cette mission, et la floraison des concessionnaires privés grâce au procédures de soutien à l’emploi et l’insertion des jeunes chômeurs, ne sont au final que des solutions prises dans l’urgence du moment, ne tenant aucun compte de la réalité d’un terrain municipal gangrené par des contraintes, des paradoxes, et des déficits qui doivent être cernés et corrigés.
Par S.Benali