Oran Aujourd'hui

Dessalement de l’eau de mer: Vers un autre échec ?

Depuis quelque temps, l’eau potable ne coule plus en permanence dans les robinets des foyers oranais. Des coupures de deux à trois jours par semaine sont observées dans bon nombre de quartiers.

Après une belle période de confort et de disponibilité du précieux liquide, Oran semble renouer avec le temps des corvées de remplissage, des citernes et des réservoirs improvisés.

A l’approche du mois de Ramadhan, les mères de famille ne cachent pas leur désarroi, et leur colère, face aux désagréments et aux difficultés annonciateurs d’un quotidien difficile.

Avec la hausse vertigineuse de certains produits de première nécessité, dont l’huile, le poulet et la viande rouge, le rationnement de l’eau potable dans les robinets ne pouvait qu’accentuer l’ambiance de gêne et de morosité en ces temps péniblement marqués par l’épidémie du coronavirus. Et en l’absence d’informations et de communication officielle sur les causes précises de ces coupures d’eau, les spéculations s’ajoutent aux rumeurs les plus folles.

Après l’achèvement du projet d’adduction au barrage de Gargar, connu sous le triptyque MAO – Mostaganem, Arzew, Oran – puis l’entrée en service de la grande usine de dessalement d’El Mactaa, tout le monde a cru, à juste titre, que le problème du manque d’eau potable à Oran était définitivement réglé.

Malheureusement, c’était sans compter sur les carences et les dysfonctionnements d’un système de gestion des projets qui a toujours fait l’impasse sur la rigueur, la qualité et la performance, notamment en matière de maintenance et de prévention des risques.

Depuis sa mise en service en juillet 2016, la Station de dessalement de l’eau de mer d’El-Magtaâ (SDEM), n’a jamais réussi à atteindre le niveau de production maximale de 500 000 m3/jour, fièrement annoncé par les responsables du projet.

Cette grande usine de dessalement, présentée à l’époque comme étant l’une des plus grandes au monde, allait peu à peu connaître elle aussi des défaillances techniques et des carences de gestion diverses pénalisant son niveau et son rythme de production.

Face à la baisse des quantités d’eau potable disponible, la société de distribution SEOR a été donc contrainte de rationner l’eau dans les robinets, comme au bon vieux temps des pénuries chroniques connues durant les années de plomb.

Aujourd’hui les Oranais s’interrogent sur les contours de ce méga-projet d’usine de dessalement qui a englouti près de 500 millions de dollars dont 422 millions investis par la partie algérienne et 69 millions par le partenaire singapourien chargé initialement de la construction et de l’exploitation de l’usine.

Non seulement l’usine n’a pas été livrée dans les délais impartis, mais quatre ans seulement après sa réception, les pannes se multiplient, les installations sont touchées par diverses avaries et la production ne répond plus au niveau des besoins de la population.

Un mégaprojet qui, à son tour, s’inscrit au registre des échecs retentissants, propres à la fatalité légendaire qui plane sur le ciel oranais…
Par S.Benali

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