En quête d’équilibres et de crédibilité…
Mercredi dernier, au cours d’une réunion du conseil exécutif dédiée entre autres à la présentation d’une étude établie par l’Agence nationale des déchets (AND) sur la collecte des déchets à la commune d’Oran, le wali a surpris l’assistance en ordonnant au directeur de la réglementation et des affaires générales (DRAG) de rejoindre séance tenante son bureau pour préparer une plainte devant le parquet concernant ce dossier. Dans l’histoire de la gestion des affaires locales, c’est peut-être la première fois qu’un wali annonce en pleine réunion son intention de recourir à la justice face à des «dérives et des dépassements» constatés dans la prise en charge d’une mission élémentaire relevant des attributions de la commune. On sait, depuis toujours, que le ramassage des ordures ménagères, l’hygiène et la propreté à Oran ont toujours été au coeur des plus vives critiques, polémiques et contestations de citoyens et de sphères associatives révoltées par l’incapacité chronique d’un système de gestion municipal à pouvoir répondre avec rigueur et efficacité aux attentes des administrés. Mais il se trouve cette fois que dans son expertise de l’état des lieux, l’Agence nationale des déchets (AND), un organisme public, a révélé dans son rapport des «anomalies» surprenantes qui méritent pour le moins d’être expliquées. Selon l’ AND, sur les 3.378 agents de collecte déclarés dans les fichiers de la commune, seuls 1.263 agents ont été recensés et existent vraiment sur le terrain. Comment ne pas réagir à cette «découverte» de plus de 2 000 «travailleurs fantômes» déclarés employés au service de ramassage des ordures de la commune d’Oran ? Le wali d’Oran a donc affiché sa volonté de déplacer cette affaire sur le terrain de la justice, estimant à juste titre que le paiement de salaires pour plus de 2 000 employés fictifs mérite bien une plainte en pénal . Cependant, trop d’interrogations et de non dits pèsent sur la gestion du dossier de collecte des ordures et globalement sur la gestion du personnel communal dans son ensemble. On se souvient, il y a une quinzaine d’années de ces scandales récurrents liés au recrutements d’agents municipaux, bel et bien rémunérés, mais qui n’ont jamais mis les pieds dans l’enceinte communale et exerçaient une activité commerciale dans le privé. Tous les observateurs avertis n’ont jamais cessé de dénoncer la hausse vertigineuse de la masse salariale forgée chaque année depuis des lustres par les recrutements anarchiques et inutiles, au gré des équipes d’élus de passage aux commandes de l’APC. Le vieux scandale des pièces détachées du parc roulant, le vieux scandale de la main d’oeuvre saisonnière fictive mais bel et bien «payée» dans la poche d’un ancien gestionnaire, les locations et cessions d’actifs du patrimoine communal oubliés puis abandonnés, et bien d’autres affaires scabreuses plus ou moins connues de l’opinion locale pourraient être citées pour décrire le parcours cahoteux d’une A.P.C en quête d’équilibres et de crédibilité…
Par S.Benali