EDITO

La France en route pour avoir son 6 janvier

La montée du racisme en France devient de plus en plus évidente. Plus grave, elle est en train de se banaliser. La haine de l’arabe et du noir n’émeut plus grand monde. Certains la trouvent même justifiée, alors que d’autres la jugent carrément indispensable. La détestation de l’etranger n’est pas juste un sentiment partagé par une bonne partie de la société française, mais bien un courant d’idées savamment orchestré par des groupes de plus en plus influents et organisés qui prennent une place inquiétante au sein de l’élite économique, politique et surtout médiatique de l’Hexagone.

Et justement cette force médiatique est très bien représentée par le puissant empire de l’homme d’affaires Vincent Bolloré. L’homme, depuis qu’il a mis la main sur le groupe Canal+, est en train de mettre sous sa coupe d’importants autres médias, de presse écrite et de la radio, à la tête desquels il place des hommes bien à lui, qui partagent avec lui sa haine de l’autre, et qui mettent tous les malheurs de la France sur le dos des  immigrés et de l’immigration.

CNEWS en est le fer de lance. C’est elle qui a mis sur orbite un certain Eric Zemmour. Présenté comme consultant, il préparait en réalité son entrée dans la politique et même sa candidature aux élections présidentielles de 2022. L’ancien journaliste avait vampirisé les plateaux de CNEWS pendant de longs mois, avec un seul leitmotiv : dénigrer les étrangers et leur faire endosser tous les malheurs de la France. En face de lui, on avait placé pour animer le plateau une journaliste de couleur, Christine Kelly, pour faire passer la pilule et berner les téléspectateurs sur une ligne éditoriale pourtant clairement raciste.

Un stratagème huilé du groupe, puisqu’il ne suffisait pas d’une journaliste noire, il fallait aussi une arabe de service, qu’on a vite trouvé en la personne de la journaliste tunisienne d’origine Sonia Mabrouk, qui elle doit inviter de manière quasi cyclique les Marine le Pen, Zemmour, Bardela et tous les extrémistes de France sur CNEWS et Europe 1.

A Paris Match, c’est Laurence Ferrari ( fidèle parmi les fidèles de Bolloré) qui est rédactrice en chef politique. L’ancienne du 20h de TF1 est connue pour son soutien indéfectible à son patron et à ses idées, tout comme Pascal Praud, devenu la vedette de CNews, qui ne cache pas son peu d’estime pour tout ce qui est maghrébin et africain. Au JDD, Bolloré a placé un ancien de Valeurs actuelles, Geoffrey Lejeune qui lui ne cache pas son racisme assumé et s’affiche, sans état d’âme, avec les pontes du Rassemblement National de Le Pen, et Reconquête de Zemmour. Sur C8, c’est Cyril Hanouna, qui prend tout l’espace pour coller l’insécurité, le malaise, le recul de la France à l’immigration. Il en est ainsi dans tout l’empire médiatique de Vincent Bolloré. Tous ont une seule mission, injecter le poison du racisme et de la xénophobie au sein de la société française et faire de l’immigré le bouc émissaire de tous les maux de la France. Comme il s’en déroule présentement autour de la loi d’Immigration.

Cette France qui fait déjà le lit d’un autre 6 janvier (à l’image de ce qu’a fait Trump le 6 janvier 2021 en lançant ses soutiens sur le Capitole), voit sa démocratie chanceler exactement comme ce qui se passe aux USA,  et risque de connaître les pires dérives lors des prochaines élections présidentielles.

Et dire que ce même Bolloré a fait l’essentiel de sa fortune en Afrique. Une Afrique et des Africains auxquels il doit tout.

Par Abdelmadjid Blidi

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