La médiocrité, à défaut de compétence et d’intégrité…
Depuis des années, des travaux dits «d’aménagements et d’embellissement urbain « sont réalisés sporadiquement ici et là, sur des ronds-points, le long d’axes routiers importants, et sur des espaces bien visibles au regard de visiteurs étrangers. Des travaux, certes utiles et nécessaires, qui ont englouti des sommes colossales durant ces dernières décennies, mais qui sont inscrits abusivement au chapitre de l’aménagement urbain de la Cité. De l’Aéroport d’Es-Sénia jusqu’à la résidence d’Etat El-Bahia et l’entrée protocolaire du siège de la wilaya, tout a été revu et corrigé pour donner à la façade urbaine une certaine esthétique. Des jets d’eau ont été installés dans certains giratoires, des palmiers, du gazon et parfois même des fleurs ont été plantés, du mobilier urbain et quelques rares «sculptures» décoratives ont été installés, et les immeubles visibles le long du troisième périphérique ont été repeints, pour la troisième fois en moins de trente ans. Des opérations, dit-on toujours, permettant de moderniser la cité et de redorer le blason de la ville terni par la clochardisation avancée. Mais à l’intérieur des cités, à l’image des 1245 lgts des HLM/USTO, c’est encore et toujours le règne de la laideur, de la boue hivernale, de la poussière estivale, des caves inondées, des moustiques et des rats qui élargissent leurs territoires, malgré les alertes et les doléances des habitants adressées aux responsables élus. Les exemples de quartiers et de cités d’habitat clochardisés et marginalisés sont malheureusement trop nombreux sur le territoire de la commune d’Oran. Comment dès lors peut-on décemment parler de politique d’aménagement urbain et d’amélioration du cadre de vie communautaire? Au-delà des sommes colossales dépensées pour le décor des ronds-points et des façades de la ville, le citoyen oranais ne cesse de s’interroger sur les contours et le contenu de cette présumée politique d’aménagement urbain, si toutefois elle existe. Une politique jugée «autoritariste» et sans impact ni sur le cadre de vie de proximité ni sur les grands fléaux urbains qui déstructurent la société, notamment le vieux bâti à risque d’effondrement et la prolifération infernale des bidonvilles. Une stratégie d’aménagement urbain sérieuse et réfléchie ne peut faire l’impasse sur la concrétisation, dans les délais fixés, d’un bon nombre d’opérations et de projets inscrits depuis longtemps au programme d’action. La fatalité des retards dans la réalisation des projets s’explique en partie par les lourdeurs de l’appareil bureaucratique et les carences dans les études et la maîtrise d’œuvre. Mais il se trouve à chaque fois que ces retards génèrent des réévaluations financières des projets. Oran, depuis trop longtemps, reste pénalisée par une médiocre approche de la gestion urbaine, par une organisation territoriale inadaptée, par un déficit d’implication des véritables élites intellectuelles, et par une sorte d’inversion des valeurs sociales favorisant la médiocrité et l’imposture au détriment de la compétence et de l’intégrité…
Par S.Benali