L’ère des médiocres
François Bayrou n’est pas encore mort qu’il est déjà enterré. Et pas que par ses adversaires, mais aussi et surtout par ses alliés et ses ministres. C’est ainsi que va la France d’aujourd’hui, où les ambitions n’ont cure de morale ou d’éthique. Des assoiffés de pouvoir, sans aucun état d’âme, dansent autour de la dépouille d’un pays en pleine décomposition.
Des ministres, sans être interrogés par personne, avancent qu’ils ne sont pas intéressés par le poste de chef du gouvernement. Une vieille ficelle connue en politique et qui veut tout simplement dire que c’est là une candidature déguisée pour sauter sur l’occasion et prendre le poste. Bayrou peut toujours attendre, il n’aura de soutien de personne des membres de l’équipe qu’il dirige depuis quelques mois déjà.
Mais en cela, il n’ y a rien de nouveau sous le soleil de Paris. Ce gouvernement s’était déjà distingué par sa grande cacophonie où chacun n’en faisait qu’à sa tête, au point de donner au, ridicule et incompétent ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, les clefs des grandes décisions. Un ministre et chef de parti qui s’est avéré incapable de gérer son propre parti où les chefs se multiplient et se contredisent et même s’affrontent quant à la position à prendre dans le soutien ou non de l’actuel Premier ministre.
Retailleau qui montre ici ses limites à gérer et fédérer les troupes de son parti microscopique, prétend pouvoir diriger la France et se rêve d’être président de la République. Lui, qui n’a ni l’étoffe ni les compétences, veut profiter de la déliquescence dans laquelle se trouve ce pays pour assouvir ses ambitions démesurées. Mais comme c’est, apparemment, l’ère des médiocres, il se voit en “ haut de l’affiche”, comme disait Charles Aznavour.
Ce ministre, qui chasse sur les terres de l’extrême droite française, a cru un moment que stigmatiser les immigrés et prôner une politique raciste et xénophobe pourrait lui ouvrir les portes de l’Elysée. C’était là son seul programme, en faisant croire grâce à des sondages bidon commandés par la sphère néofasciste des médias de Vincent Bolloré, que la première préoccupation des Français était l’immigration, alors que c’est bien le pouvoir d’achat et les réalités économiques désastreuses qui sont le grand souci de la grande majorité des Français. La preuve a été donné par le tollé populaire soulevé par les orientations budgétaires voulues par le Premier ministre François Bayrou, qui a eu le mérite de reconnaître que l’immigration n’était pas le plus important problème en France. Retailleau qui est déjà sur la sellette, avec le départ quasiment acté de Bayrou, sera privé grandement des tribunes médiatiques qu’il a utilisées, en tant que ministre, pour avoir une plus grande visibilité et s’acharner contre les étrangers, finira par avoir le même sort qu’un autre raciste notoire qu’est Eric Zemmour qui a quasiment disparu des radars depuis que les médias lui ont tourné le dos.
Par Abdelmadjid Blidi