A la uneRégion

Entretien avec le professeur et sénateur Boubekeur Mohamed :
«Les choses sont en train de changer positivement à Oran»

L’industrie pharmaceutique, l’Education, l’Enseignement Supérieur, le secteur de la Santé et la gestion de la ville d’Oran, ont constitué les étapes clés de cet entretien accordé à Ouest Tribune, dont certains volets avaient été exposés par le Pr Boubekeur Mohamed, sénateur d’Oran, lors de la présentation par le Premier ministre de la Déclaration de politique générale du gouvernement au Sénat. Ecoutons-le :


Entretien réalisé par Karim Bennacef


Ouest Tribune : Intéressons-nous d’abord, si vous le permettez, à la nomination récente à la tête du ministère de l’Industrie Pharmaceutique de M. Ali Aoun. Comment se tient notre industrie et quels sont ses objectifs ?
Pr Boubekeur Mohamed : La nomination de Mr Ali Aoun à la tête du ministère de l’Industrie pharmaceutique, est à mon avis une bonne chose. Mr Ali Aoun est connu pour ses compétences, il a été Directeur Général de Saïdal, son itinéraire sur le terrain fait de lui un homme sage avec beaucoup de prestance. Il a des visions lointaines qui lui permettent de développer le secteur industriel. Lors de son déplacement à Blida, ses déclarations ont été assez positives, d’autant plus qu’aujourd’hui, l’Algérie souhaiterait que l’on puisse produire nos propres médicaments. Et je peux dire que nous avons de l’avance là-dessus. Beaucoup de médicaments, de drogues de chimiothérapie sont produits chez nous, dont le vaccin avec les Chinois. A partir du moment où nous avons les substances, on peut faire dans la production locale. Ajoutez à cela, qu’il est prévu de satisfaire le marché local en médicaments usuels, et ensuite aller vers l’exportation, viser le marché africain et pourquoi pas, lancer la concurrence avec d’autres pays sur des médicaments que nous produisons. Je retiens pour l’exemple, celui du paracétamol, qui fait l’objet d’une forte pénurie en France, les pharmacies limitent la délivrance à deux boîtes seulement par client. Cette pénurie est due au fait que le laboratoire pharmaceutique français a délocalisé la production de cette drogue vers d’autres pays et ce, en attendant qu’il reprenne la production chez eux. Nous concernant, on produit le paracétamol au côté de beaucoup d’autres substances qui sont également produites localement, à l’instar des drogues anticancéreuses, le vaccin comme cité plus haut, bien qu’il faille y apporter quelques modifications. Tout cela avec un taux de production qui avoisine les 65 %, voire plus. Ceci pour dire que l’Algérie est un pays producteur de médicaments. Je m’avance à dire qu’aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique en Algérie a tendance à se développer avec un nouveau ministre et avec une nouvelle équipe. Il y aura certainement des avancées et l’Algérie a une vision lointaine, elle vise à ceinturer son marché et à exporter. Et là, on travaille sur plusieurs secteurs dans les drogues de chimiothérapie, les antalgiques, les anti-inflammatoires et puis d’un côté il y a le vaccin. Et bien sûr à côté de cela, il ne faut pas oublier les produits de dialyse péritonéal, le sérum, la seringue, etc. En matière de consommable, il y a également un avancement de même qu’en matière de médicaments. Toute cette avancée est en effet synonyme de réduction de la facture d’importation, nous y allons sûrement vers ça. Si demain, on produit le paracétamol chez nous et qu’il est aussi efficace qu’ailleurs, alors on pourrait même l’exporter.
Les marchés africains sont d’ailleurs les premiers visés. In fine, on juge aujourd’hui que le secteur de l’industrie pharmaceutique algérienne, est un créneau porteur et va grandement se développer. Mon espoir est intact d’autant plus que l’équipe qui en est à sa tête, peut faire beaucoup de choses.

Ouest Tribune : L’on estime que les Algériens sont de gros consommateurs de médicaments. A quoi est dû ce phénomène ?
Pr Boubekeur Mohamed : Sans hésiter, je dirais énormément. Et là, je voudrais soulever un point important que je reproche souvent, à savoir celui de ne pas mettre des pharmaciens dans les pharmacies, et mettre uniquement des vendeurs. Le pharmacien ne gère plus sa pharmacie. Les citoyens favorisent l’automédication, ils vont voir le pharmacien, ils demandent tel sirop ou tel médicament, parce qu’ils ont l’habitude de le faire et le vendeur leur en donne sans problème. Mieux encore, pour faire le parallèle, le citoyen a tendance quand il va chez le boulanger à demander toujours 5 ou 6 voire 10 pains, même s’ils sont deux à la maison. C’est pareil pour les médicaments, les gens constituent des stocks de médicaments. En plus, avec la carte chiffa, il y a des exagérations inouïes. Or, il est dangereux de stocker les médicaments, ça se périme et ça peut provoquer des accidents notamment chez les enfants. C’est vraiment la gabegie, les gens ne respectent même pas l’ordonnance, encore faut-il qu’il y ait une ordonnance et encore, faut-il qu’il y ait un médecin généraliste consciencieux pour prescrire le bon médicament pour le mal diagnostiqué. Le patient ne sait pas qu’il faut prendre par exemple un gramme de paracétamol toutes les 6h. Quand il a mal à la dent ou à la tête, il en prend alors toutes les deux heures. Il ne sait pas qu’il peut faire un arrêt aigu du foie et si son foie s’arrête, il faut une greffe qu’il n’aura jamais parce qu’on ne la fait pas et surtout qu’il doit s’inscrire dans un plan national avoir le don dans un pays on n’en sait lequel. C’est un vrai problème ce qu’un simple comprimé de paracétamol peut entraîner comme conséquences graves. Ensuite, s’il y a une répercussion grave sur les reins, un anti-inflammatoire peut entraîner un œdème généralisé et cela tue dans les heures qui suivent. L’histoire de ce professeur gynécologue qui s’est fait injecter un anti-inflammatoire par sa femme, qui est elle gynécologue, est dramatique. Il a fait une réaction allergique généralisée, il est mort au bout de 2 ou 3 heures en réanimation. Aussi, les gens consomment beaucoup de corticoïdes sous prétexte de toux. Or, on ne sait qu’un corticoïde peut trouer l’estomac et entraîner une péritonite, une augmentation du système diabétique, il y a des répercussions. Tout médicament a bien sûr un effet de guérison mais il y a ce qu’on appelle les effets secondaires qui peuvent être néfastes pour une personne qui a des comorbidités. Pour quelqu’un qui souffre des reins, la prise de médicaments qui ont des effets secondaires, peut entraîner un problème de fonctionnement rénal, une insuffisance rénale. Par conséquent, les gens doivent être consciencieux. Le médecin également, il doit faire un véritable diagnostic et éventuellement proposer une ordonnance qui puisse guérir le patient. Je vois mal comment on peut encaisser 2000 à 4000 dinars pour une consultation et quand on se met à faire des examens, le part ressort 10.000 dinars de frais, alors que le diagnostic n’est pas viable et lorsque l’on revoit le malade, on lui demande encore de tout payer. Là, j’estime que le médecin doit faire preuve d’une certaine conscience professionnelle et d’une responsabilité professionnelle. C’est cela le plus important, parce que la personne qui vient se soigner, elle n’est pas forcément savante donc il faut l’orienter et savoir l’écouter.

Ouest Tribune : Parlons du Covid 19 et de la pandémie. Ailleurs, il est annoncé des chiffres impressionnants de contaminations. Qu’en est-il en Algérie ?
Pr Boubekeur Mohamed : Il faut savoir que le Covid s’est complètement transformé, il y a des sous- variants connus sous les codes de B1, B2, B4, B5, b1.7.5, etc., et aujourd’hui, apparait un nouveau sous-variant d’Omicron, le BQ 1.1. Le BQ1.1, est encore plus contaminant. Même sa symptomatologie a changé, car à la perte de l’odorat et du goût avec les anciens sous-variants, la fièvre et la toux, s’ajoutent les troubles digestifs, la diarrhée, les vomissements, les céphalées, en plus des douleurs au niveau de l’oreille. Sa détection se fait à travers des séquençages, et en Algérie cela se fait seulement au niveau de l’Institut Pasteur. En Europe, ils sont à la 8e épidémie, en Algérie, nous en sommes à la 4e ou 5e, heureusement. Mais, avec l’arrivée de l’hiver, l’épidémie risque de reprendre. Pour le moment nous sommes à l’abri malgré que nous ne prenions aucune précaution, ni dans les marchés, ni dans les mosquées, ni dans les transports, ni dans les hôpitaux. Les gens vivent normalement alors qu’il y a encore le covid chez la population. N’empêche qu’il faut avouer que le risque que l’on encourt, serait la contamination car ce sous-variant est rapide à la contagion. Cela dit, il faudrait améliorer le vaccin. Aujourd’hui, il y a un vaccin bivalent qui permet de faire une troisième ou 4e dose en sélectionnant d’abord les gens de plus de 65 ans, ceux sujets à des comorbidités, qui ont le diabète, l’hépatite, etc. En attendant, je ne sais pas si on va adopter le même principe, mais pour le moment, nous n’avons pas le vaccin bivalent et nous n’avons encore rien décidé. Toutefois, à mon avis il faudra qu’on prenne des décisions, on a très peu de cas, certes, mais est-ce que nous procédons véritablement à un véritable recensement ? Les gens confondent grippe et Omicron, ils se soignent au doliprane et à la vitamine C, zinc, et s’enferment chez eux. Ceux qui arrivent à passer le cap, sont ceux qui ont une forte immunité. Les personnes âgées meurent quant à elles, dans l’ignorance. On n’a pas de PCR, ni de scanner, on en fait très peu. Pour nous, la maladie a totalement disparu alors qu’en France ou en Angleterre, les cas de contaminations varient de 60.000 à 40.000/j. Le nombre des hospitalisations a augmenté, il y a eu des décès et quand on signale plus de 2000 décès, il y a de quoi s’inquiéter. Mais pour le moment, chez nous, nous n’avons pas tout ça. Les gens qui tombent malades, parce qu’ils ont une fièvre ou ils toussent, ils arrivent à se soigner, mais ils ignorent s’ils ont le covid.

Ouest Tribune : Peut-on parler en Algérie de désert médical ?
Pr Boubekeur Mohamed : On ne peut pas dire qu’il y a un désert médical en Algérie, parce qu’on a formé énormément de médecins généralistes et de spécialistes, par contre ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a une mauvaise répartition en fonction de la carte sanitaire. Les gens sont beaucoup plus au Nord qu’au Sud, ce qui fait qu’il demeure encore des zones enclavées. Il y a des endroits où l’on peut trouver 5 à 6 voire 10 chirurgiens pour une petite ville au Nord. A Tissemsilt, vous avez une dizaine de chirurgiens, 6 ou 7 réanimateurs, à tel point que le chirurgien vient faire sa garde et en même temps les malades, pour ne revenir que dans 15 jours. Cela n’est pas du tout logique. Pour pallier à cela, je pense que nous devons trouver des mécanismes de jumelage, le service civil, de déplacements de certaines équipes pour assister et désenclaver ces régions. Il y a des mécanismes qu’il faut juste développer car il y a une forte population médicale.

Ouest Tribune : Il a été question de révision du statut du personnel médical et paramédical. Est-ce en rapport avec l’hémorragie que connaît le secteur public de la Santé ?
Pr Boubekeur Mohamed : En effet, et là je tiens à saluer l’initiative du Président de la République concernant la révision du statut des personnels médical et paramédical du secteur public de la Santé pour les inciter et les encourager à rester dans le secteur public. Il y a effectivement une hémorragie dans le secteur public, les gens vont vers le secteur privé qui a tendance à se développer. A ce propos d’ailleurs, j’ai soulevé lors de la présentation de la Déclaration de politique générale du gouvernement par le Premier ministre au Sénat , la question de la contractualisation. J’ai expliqué qu’il devenait urgent et nécessaire que les hôpitaux soient contractualisés. Ainsi, ils pourront payer leurs personnels médicaux, leurs administrés, la population administrative, leurs médicaments, leurs équipements et pourront fonctionner convenablement mais à condition que les Assurances et la CNAS jouent le jeu. Le Premier ministre a été attentif tout en répondant qu’il allait faire le nécessaire. J’ai également rappelé que le Président de la République, Mr Abdelmadjid Tebboune, avait décrété l’ouverture de 03 centres pour grands brûlés au Centre, à l’ Est et à l’ Ouest. Au niveau de la région Est, tous les grands malades vont vers les hôpitaux généraux, donc il n’y a pas de progrès. Au niveau de la région Centre, il y a une clinique centrale, il y a aussi Douera, mais les lits sont insuffisants. Par contre au niveau d’Oran, nous avons de la chance parce que la structure existe et est composée de 125 lits mais il y avait un retard énorme pour sa mise en fonction. J’avais aussi fait remarquer qu’on n’avait pas besoin de lits d’hôpitaux en grande quantité, mais plutôt d’un plateau technique. Aujourd’hui, il faut exercer une médecine moderne, celle-ci veut qu’il y ait une prise en charge à domicile pour les cas médicaux et une prise en charge chirurgicale en ambulatoire, à condition bien sûr d’avoir un bon plateau technique. Allez mettre 125 lits, mais sans plateau, on ne peut rien faire, alors que 40 lits suffiraient largement avec un bon plateau. A Lyon, ville française, l’un des meilleurs hôpitaux de grands brûlés de France, n’est doté que de 40 lits.
En Algérie, nous avons besoin de plateaux techniques, dotés de scanner, mammographie, échographie, laboratoire, etc. Le diagnostic en main, c’est une chirurgie qui peut se faire en ambulatoire, puisqu’on fait même des vésicules, et puis pas mal de choses, tout ce qui est parois, hémorroïdes, thyroïdes, etc. Le patient rentre à 8h du matin, à 16 h, il est chez lui. C’est ça, ce qu’il faut développer.

Ouest Tribune : Les choses ont apparemment bougé à Oran, il y eut récemment l’installation d’un nouveau directeur de la Santé, comme il est annoncé certaines avancées notables. Serions-nous tentés de dire que le secteur retrouve un peu sa « santé» ? Et à quoi attribuez-vous cela ?
Pr Boubekeur Mohamed : Il a fallu l’abnégation du wali d’Oran qui fait énormément pour le secteur de la Santé à Oran, comme en témoignent les belles avancées enregistrées ces derniers temps. A commencer d’abord par l’installation d’un nouveau directeur de la Santé publique à Oran, représenté en la personne de Mr Bentouaf. En l’espace d’un mois, des progrès notables sont relevés. Je vous annonce d’ailleurs l’inauguration à partir du 1er novembre d’un caisson hyperbare, le seul à l’échelle nationale. Il est constitué de 08 lits et est situé aux urgences du quartier « Plateau ». Deuxièmement, tous les équipements et les marchés qui étaient à l’arrêt depuis presque une année, reprennent au niveau de la DSP, et sont prêts à être signés. Les hôpitaux d’Oran vont être ainsi ravitaillés. Troisièmement, et cela rentre dans le statut, l’étude de marché se fait au niveau de l’hôpital, c’est le DSP, qui est le président de la commission de marché, qui se déplace à l’hôpital, l’EHU, le CHU, ou dans les autres structures sanitaires et cela représente une avancée importante. Quatrièmement, le gros problème qui subsistait avec les travailleurs qui risquaient de ne pas être payés, est enfin réglé. Le DSP a débloqué la situation. Maintenant, le secteur de la Santé au niveau de tout l’Ouest est en train d’avancer et d’être assaini grâce à la collaboration conjointe du DSP et du wali d’Oran, Mr Saïd Sayoud. Quant à l’hôpital des grands brûlés, sa prise en charge est effectivement en train d’être faite. Ils ont déjà commencé à mettre les armoires électriques, toutes les réserves seront levées, son ouverture officielle se fera au mois de mars prochain pour être opérationnel. Ce sera le cas également pour les autres structures, à savoir celles de Gdyel, Nedjma, El Kerma et un peu plus tard, l’Institut du cancer parce que c’est un institut de recherche, il nécessite encore de grands équipements mais il ouvrira vite si l’on continue sur cette démarche. Vous voyez, c’est finalement une affaire d’hommes. Grâce à la conjugaison des efforts entrepris par le wali d’Oran, le DSP et le ministre de la Santé qui est le maillon central, ça marche très bien, les problèmes sont instantanément réglés. Par conséquent, Oran est appelée à évoluer rapidement sur le plan de la Santé. Une importante bataille avait été engagée pour remettre les choses sur rails, je crois qu’on est arrivé à résoudre un problème dans le sens positif. Il fallait changer les hommes, il fallait créer une dynamique entre les responsables.

Ouest Tribune : Abordons maintenant, si vous permettez, le secteur de l’Éducation. Des manquements sont répertoriés çà et là. Quel est votre point de vue ?
Pr Boubekeur Mohamed : Effectivement et particulièrement la question de la surcharge des classes dans les établissements scolaires. Lors de mon intervention au Sénat face au Premier ministre, j’ai soulevé cette question qui se pose au niveau d’Alger. Il existe des lycées et des CEM qui vont vers l’effondrement à cause de la vétusté. En fait, si je n’aborde pas les histoires de cantines scolaires, on est encore au repas froid, ni celles de l’hygiène parce qu’il n’y a même pas de point d’eau, en revanche celles de la prise en charge en matière de santé en milieu scolaire, se posent avec acuité. Les unités de soins (UDS) existent, mais ça laisse à désirer. Par contre, il y a une catégorie d’écoliers qui sont handicapés par le langage ou par le physique ou encore par les maladies rares et qu’il faut absolument prendre en charge, et c’est d’une importance cruciale. Premièrement, vous avez les enfants autistes, deuxièmement, ceux au trouble de langage, tout ce qui est dyslexique. Il faut les prendre à part, cela exige un enseignant, un psychologue et un médecin. Si jamais vous criez après un autiste, vous le perdez, c’est la catastrophe. A côté de cela il y a une autre tranche de population scolarisée qu’on appelle les enfants de la Lune qui ont besoin d’être pris en charge. De même pour les non-voyants qui ont besoin de braille. Et puis, un peu plus loin, il y a les enfants surdoués, une catégorie qui est loin d’être prise en charge. Donc, cette tranche de la population scolarisée nécessite des enseignants et des psychologues qui sont formés pour ça. Le secteur doit aujourd’hui faire des progrès dans ce sens. En matière d’éducation et d’hygiène, il faut des points d’eau, sinon c’est le choléra, c’est le typhus, des intoxications alimentaires et tout ce que vous voulez.

Ouest Tribune : L’Enseignement supérieur ne semble pas lui aussi épargné par des manquements, qui seraient même d’ordre pédagogiques …
Pr Boubekeur Mohamed : L’Enseignement Supérieur fait lui aussi sa mue. C’est un ministre qui a fait ses preuves. Pour l’exemple, à M’sila, où il était recteur, il est le seul qui a réussi à informatiser l’université. Je n’ai pas manqué d’ailleurs de dire devant le gouvernement qu’il était de son devoir d’informatiser toutes les universités algériennes. La numérisation est capitale, c’est le seul moyen d’avancer. Ceci dit, la surcharge se pose également au niveau des amphis, c’est une catastrophe. Dans un amphi de 200 étudiants, on en retrouve 400. Aussi, les équipements pour l’enseignement, tout ce qui est audiovisuel, c’est dérisoire. La qualité des enseignants pose aussi problème. Il faut y veiller, n’importe qui, ne peut pas enseigner. Celui qui fait des conférences, il faut que ça soit un professeur digne de cela et qu’il ait des compétences avérées. Pour cela, la prise en charge doit se faire en première année, c’est à partir de là où on fait vraiment un choix. Si on laisse les gens passer et arriver en 4e et 5e année, c’est trop tard. On ne peut rien bloquer. Et c’est comme ça qu’on arrive à fabriquer des gens qui sont incompétents. Enfin, il faut absolument occuper et équiper convenablement les laboratoires, les travaux dirigés (TD) demeurent une nécessité absolue. Ce sont les TD qui forment la personne. Quand je parle de consommables et d’équipements, c’est très important car on est en train de fabriquer des gens démunis de qualité. L’autre problème est celui des cités universitaires qui sont devenues de véritables refuges pour les brigands, pour ne pas dire que c’est malsain. N’importe qui peut y rentrer alors qu’auparavant, c’était strict. De plus, chaque étudiant avait sa propre chambre, contrairement à aujourd’hui où on retrouve 04 à 05 personnes dans la même chambre. Tout cela est à revoir, penser d’abord à améliorer l’environnement, revoir leur fonctionnement, les humaniser et s’assurer d’une bonne gestion. Je terminerai par la question du transport universitaire, il faut y veiller sérieusement, il y a des gens qui habitent loin.

Ouest Tribune : Le wali d’Oran, a quelque peu tarabusté les présidents d’APC sur la problématique de l’insalubrité publique en particulier et de la gestion, en général. A tort ou à raison, selon vous ?
Pr Boubekeur Mohamed : Sur cette question , je crois que les choses sont en train de réellement s’améliorer, on a ce sentiment que la ville d’Oran devient un peu plus propre. Je pense aussi qu’il y a un cahier de charge qui est signé avec la mairie, je pense qu’ils sont en train d’arriver à des solutions. Toujours est-il, pour moi, Oran est en train de prendre le dessus sur l’insalubrité publique. Il n’y a plus de blocage et il n’y a pas beaucoup de points noirs, c’est ça l’essentiel. Globalement, les choses sont en train d’être prises en main. Ceci dit, il faut reconnaître que le wali gère les mêmes problèmes depuis presque une année, des problèmes très difficiles en somme. Oran est une ville très difficile. Aujourd’hui, pour pouvoir procéder à la gestion de tous les secteurs de la ville, il faut avoir des principes clairs et il faut avoir pratiquement presque carte blanche pour pouvoir prendre les décisions. Lesquelles décisions sont parfois douloureuses, quitte à écarter des responsables. Maintenant, les gens se remettent à travailler, le secteur privé a pris de l’ampleur sur le secteur étatique, donc gérer les choses dans ce contexte-là, c’est très difficile. Cela dit, il y a une carte blanche qui a été donnée aux walis par le Président de la République, qui leur a donné aussi le pouvoir d’agir ainsi que les finances pour aller vers l’investissement. Concernant ce dernier volet, les walis ont le feu vert, mais il se trouvent encore des directeurs dans l’exécutif qui bloquent, ils ne signent pas alors qu’ils sont censés appliquer et exécuter les directives. A l’adresse de ces gens-là, je leur dis qu’ils vont devoir ou exécuter les ordres ou s’en aller, si on ne veut pas prendre de responsabilités. Le chef de l’exécutif a pour ambition qu’Oran devienne une métropole reconnue et respectée.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page