EDITO

Les lignes bougent

De plus en plus et au fur et à mesure qu’il avance dans le temps, le conflit russo-ukrainien voit ses répercussions toucher de grandes parties du monde et bouleverser des positions que l’on pensait immuable.
Les répercussions sur le plan économique prennent,peut-être, ici une plus grande part, mais les données géostratégiques elles aussi ne sont pas à la traîne. Ainsi on peut déjà constater que le mur occidental qui paraissait pourtant si solide et uni, connaît tout de même quelques fissures, ou tout au moins quelques divergences. Car les sanctions prises contre Moscou, et qui faisaient l’unanimité au début, ne sont plus aussi solides que cela, depuis que Washington a décrété le blocus contre le gaz et le pétrole russes. Et les Européens ne sont pas très chauds à suivre le président Biden sur ce chemin, eux qui dépendent grandement, jusqu’à près de 50% dans leur besoins en énergie de la Russie, alors que l’Amérique peut s’en passer sans aucune répercussion sur son économie. Il y a comme un jeu de dupes qui installe déjà une certaine méfiance, même si elle est encore tue à ce stade. Ensuite, les Européens connaissent très bien leur fragilité sur ce point précis et savent et redoutent surtout que ce soit, plutôt, Moscou qui ferme les robinets.
Washington étonne aussi quand elle se tourne vers le Venezuela ( grand producteur de pétrole) et trouve subitement que Maduro est fréquentable. Lui contre lequel elle a, pourtant, tout tenter pour le renverser depuis qu’il est président. Des changements radicaux qui font jour à la lumière de ce conflit, et qui ne sont qu’à leurs débuts et promettent, à n’en pas douter, de faire bouger les lignes comme jamais auparavant.
En fin de compte, ce conflit a mis au jour la fragilité des uns et des autres, les Russes comme les Ukrainiens, mais aussi les Européens et les Américains, et envoient des signaux plus qu’édifiants à d’autres régions du monde, à commencer par le monde arabe, qui doit saisir que son salut ne peut venir que de son unité et une conviction inébranlable quant au destin commun de ses pays.
Un point sur lequel insiste grandement l’Algérie qui veut faire du prochain sommet de la Ligue arabe, qu’elle accueillera le 1er et 2 novembre prochain à Alger, un sommet unificateur qui met les intérêts du monde arabe au dessus de toute autre considération, surtout quand on sait que cette partie du monde est visée depuis des années déjà par d’intenses manœuvres de déstabilisation. Une déstabilisation qui sera encore plus farouche à la veille de cette grande guerre qui s’annonce autour du pétrole et du gaz.
Par Abdelmadjid Blidi

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