Mali, ce qui a changé
La situation au Mali est en passe d’échapper totalement au contrôle de la France. Après son retrait annoncé et l’intervention dans l’échiquier de la région du groupe militaire privé Wagner, la lutte anti-terroriste a pris une autre dimension. On est en effet loin des petites opérations, sans envergure que menait l’armée française dans ce pays. Pour cause, les forces armées du Mali ont effectué une opération militaire réussie, lors de laquelle plus de 200 combattants islamistes ont été tués dans le village de Moura. Un exploit, jamais réalisé lors de la «coopération» française, mais qui n’a pas échappé à Moscou qui a adressé ses félicitations aux Maliens «pour cette victoire importante dans la lutte contre la menace terroriste».
Il v a sans dire qu’une avancée sur le terrain de la lutte anti-terroriste dans le contexte actuel n’arrange pas la France. De fait, Paris, dont on ne compte plus les bavures de son armée contre les civils maliens, s’est empressé de réagir par la voix de son chef de la diplomatie. Celui-ci a mis en doute la version des autorités de Bamako, affirmant qu’il avait «du mal à comprendre» et surtout «mal à accepter» les explications des autorités maliennes.
La victoire remportée contre un important groupe de terroristes révèle néanmoins l’ampleur de la présence criminelle dans ce pays frontalier du notre. De fait, une question se pose : du temps de la présence française dans ce pays, après l’avoir déstabilisé du temps du président Sarkozy, y avait-il un sérieux facteur de déstabilisation de l’Algérie ?
Au plan strictement politico-sécuritaire, la réponse pourrait-être négative. Puissance régionale respectée et dotée d’institutions pérennes, l’Algérie est très largement au-dessus de ce genre de risques. Les mesures préventives prises par les autorités centrales à l’image de la fermeture des frontières ou le renforcement de la présence de l’armée dans la région du sud du pays, constituent des mesures techniques qui auraient été difficiles à concevoir si le pays souffrait d’un déficit institutionnel ou matériel. En d’autres termes, l’armée fait convenablement son travail et les politiques le leur au moment où la société ne semble pas préoccupée outre mesure par ce qui se passe au Sahel.
Cela étant dit, l’évolution très récente de la situation sécuritaire au Mali depuis l’entrée en scène des groupes Wagner démontre que les Occidentaux qui étaient présents dans ce pays n’avaient visiblement pas l’intention de régler le problème à la racine, mais d’entretenir une situation de chaos permanent. A quelle fin ? La réponse est d’une évidence on ne peut plus claire : maintenir le Sahel dans une situation de déstabilisation permanente pour profiter des richesses de son sous-sol en toute impunité. Le Mali n’est qu’un exemple. D’autres pays vivent le même calvaire…
Par Nabil.G