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Squat des biens communaux par des familles sinistrées à Aïn El Turck:
Quand l’infraction se banalise

Le squat des biens communaux, essaimés à travers la contrée d’Aïn El Turck, par des familles sinistrées, ne semble pas encore prêt de connaître son dénouement.

Le plus grand nombre de ces biens, notamment les centres de vacances, est répertorié dans le chef-lieu de la daïra où des centaines de familles tentent de survivre dans des conditions effarantes et effroyables, frisant l’ignominie. La pénible réalité du terrain réside dans le fait que la descente aux enfers de ces centres de colonies a commencé à se manifester insidieuse dans cette contrée près de trois décennies auparavant et ce, au grand dam des familles de smicards. Cet affligeant état de fait a été durement ressenti par ces familles, qui ne disposent pas des moyens financiers pour offrir à leurs enfants un séjour au bord de la mer durant les grandes vacances.
Notons dans ce contexte que dans le souci de colmater cette brèche de nature sociale, les responsables au niveau des communes côtières ont été saisis cinq ans plus tôt à travers une instruction du ministère de l’intérieur et des collectivités locales, transmise par la wilaya d’Oran et ce, pour procéder à la réhabilitation des centres de colonies de vacances en vue de leur exploitation. L’instruction faisait état de l’exploitation de ces centres de vacances pour accueillir des familles ne disposant pas de revenus suffisants pour offrir à leur progéniture des vacances durant la saison estivale. Cette formule, une initiative louable pour les petites bourses, visait également à créer une rentrée d’argent pour les communes côtières en vue d’être en mesure de s’autofinancer.
La relance de la formule camp de toile a également été notifiée dans cette instruction. Cependant et fort malheureusement les centres de colonies de vacances, au même titre que d’autres biens communaux de cette daïra, continuent d’être squattés par des familles sinistrées, dont certaines sont originaires de différentes villes du pays, notamment celles de l’ouest. En effet, il convient de rapporter selon une source proche de ce dossier, que seulement quatre centres sont opérationnels sur la quinzaine répertoriés dans la seule commune d’Aïn El Turck et deux autres sur environ une dizaine installés sur le territoire des communes de Bousfer et d’El Ançor. En raison de la crise sanitaire, ils n’ont pu être opérationnels. Il est utile de signaler aussi dans ce contexte que la mort lente de ces lieux de vacances, a commencé à se manifester dès le début des années 90 avant de s’illustrer à travers l’inexplicable renvoi aux calendes grecques de cette formule de vacances, qui suscitait le bonheur des enfants issus de couches sociales défavorisées plus particulièrement.
Ce malheureux constat s’explique à travers le fait que la grande majorité des centres de cette contrée côtière s’est transformée en un lieu de recasement pour des familles sinistrées alors que le reste est livré aux mignardises de la nature et les actes de vandalisme. Le temps des joyeuses kermesses, qui égayait à l’époque l’ambiance de ces centres, semble malheureusement être révolu et ce, pour des raisons liées en partie à la défaillance des entreprises chargées de leur gérance, majorée avec l’indigence des esprits en termes d’organisation. Ce piètre état de fait a poussé certaines entreprises à solliciter des établissements scolaires pour organiser des vacances en faveur de colons de la région Sud du pays notamment, dont la grande majorité n’a jamais eu l’occasion de voir, même de loin, la grande bleue. Notons que les trois centres de colonie de vacances, qui demeurent fort heureusement en activité dans la commune d’Aïn El Turck, à la faveur d’une formule concoctée par la direction de la jeunesse et des sports, ont accueilli dans le cadre d’une action de solidarité des enfants sahraouis et ceux du Sud.
Il y a lieu de rappeler à ce propos qu’une opération de recensement sur la situation administrative des biens communaux, essaimés à travers le chef-lieu, a été lancée au cours du mois de janvier dernier par les services de la daïra d’Aïn El Turck.
« Il s’agit d’une action visant à relancer le processus de concession des biens communaux, synonyme d’un autofinancement pour la municipalité d’Aïn El Turck. Nous lancerons des avis d’adjudication après prononciation de fin de contrat, pour les biens, qui ne fournissent pas de rendement. Après leur évaluation par les services des domaines ils seront cédés à la concession conformément à la réglementation »
avait souligné à ce sujet le secrétaire général de la daïra, avant d’ajouter que « l’état de déperdition de ces biens communaux, dont certains ont été détournés de leur vocation initiale, nécessite une réhabilitation de grande envergure ».
Il importe de signaler dans ce contexte que plus de quatre ans auparavant, les autorités de l’époque avaient annoncé le recensement des indus occupants du théâtre plein air de la localité de Trouville, localité dépendante administrativement du chef-lieu et ce, dans le but de le réhabiliter et lui rendre sa vocation initiale.
Il s’agissait en fait d’inscrire ces familles sinistrées, qui ont élu domicile dans les dépendances de ce prestigieux théâtre, bien communal, dans un quota de logements sociaux. Il convient de rappeler qu’une demi-dizaine de ces familles, qui occupaient des constructions illicites, érigées dans la localité La Madrague et ayant été ciblées par une opération de démolition initiée par le wali d’Oran de l’époque, ont été recasées près de cinq ans auparavant par les autorités locales de cette époque dans les dépendances de ce joyau de la culture, avec des promesses de relogement dans les plus brefs délais.
Malheureusement, ces familles, qui ont accueilli cette nouvelle avec la plus grande satisfaction ont finalement déchanté en ne voyant rien venir depuis. Entre-temps, ce lieu de culture s’est réduit insidieusement en peau de chagrin. Ce patrimoine culturel est lamentablement livré aux mignardises de la nature et aux actes de vandalisme depuis plusieurs années et semble, à priori, avoir tendance à se transformer en un bidonville à l’exemple de tant d’autres biens communaux essaimés à travers la contrée côtière d’Aïn El Turck. L’infraction relative au squat des biens communaux n’émeut plus quiconque et semble à priori faire désormais partie d’un baroque banal.

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