Recensement des bidonvilles irréductibles
Lors d’une récente réunion du conseil exécutif, le wali d’Oran, Saïd Sayoud, a ordonné le lancement d’un nouveau recensement de l’habitat précaire et de ses occupants à travers toutes les communes de la wilaya. Selon certains médias, le wali d’Oran aurait insisté sur la nécessité d’élaborer un bilan d’ensemble sur la situation et de procéder à un recensement précis de l’habitat menaçant ruine. On sait que depuis l’année 2 000, pas moins de six opérations de recensement ont déjà été ordonnées et lancées par les responsables locaux successifs résolus à résoudre le problème dans les meilleurs délais possibles.
Un problème certes complexe et épineux, qui est toujours resté l’otage d’un certain nombre de tabous et de paradoxes irréductibles liés aux conjonctures sociales et politiques traversées par le pays. On sait que trop souvent les baraques de bidonvilles et les vieilles bâtisses squattées par des familles en quête de logement sont de nouveau réoccupées aussitôt après l’évacuation et le relogement des «habitants ».
Selon des observateurs avisés, les très nombreuses opérations de relogement menées à Oran depuis ces quatre dernières décennies auraient dû permettre, en principe, de démolir et d’éradiquer la quasi-totalité des constructions précaires et du vieux bâti menaçant ruine. A ce jour, le grand programme de restructuration de la grande zone de bidonvilles de Kouchet El Djir, Raz El Ain, et les Planteurs, annoncé il y a plus de trente ans, ne connaît pas la moindre lueur d’avancement et de réussite. Après chaque opération de démolition des taudis, menée depuis ces trois dernières décennies dans ces quartiers, la zone a été à chaque fois de nouveau investie par des dizaines de baraques, souvent érigées sur des parcelles boisées.
En Novembre 2013, au détour d’une opération de démolition de baraques illicites, le wali de l’époque avait annoncé une «tolérance zéro» dans la lutte pour éradiquer les bidonvilles. Ce même responsable affirmait que «tous ceux qui après 2007 seraient venus construire une baraque illicite doivent savoir que leur acte est interdit par la loi et que leur baraque sera détruite sans qu’ils ne puissent prétendre à un relogement».
Une annonce qui à ce jour est restée sans suite, ignorée et oubliée par les responsables concernés. Ceux, encore nombreux hélas, qui viennent de tous les coins de la ville et du pays pour s’installer dans un bidonville proche de la grande ville, sont le plus souvent ciblés, orientés, et surtout arnaqués par une mafia de revendeurs de baraques, qui ne recule devant rien dans cette course effrénée à la conquête des logement et du foncier.
L’annonce d’un nouveau grand recensement des bidonvilles et des bâtisses du vieux bâti risque fort, soulignent des experts locaux, de relancer la ruée vers l’habitat illicite et le squat des vieilles bâtisses non démolies. Jusqu’à quand?
Par S.Benali