EDITO

Un chiffre qui interpelle

Selon des chiffres qui ont circulé au sein du Conseil de la nation, lors de la présentation par le ministre de la Justice du texte de loi portant mesure particulière pour l’ obtention de la pension alimentaire, il est enregistré en Algérie 60.000 cas de divorce par an.

Un chiffre qui interpelle sérieusement et qui inquiète à plus d’un titre. Car derrière ces chiffres se cache la détresse de milliers de familles et surtout d’enfants de ces mariages qui se sont terminés en échec. Ainsi de nombreuses familles éclatent et lèguent à la société de lourds fardeaux d’enfants, qui quoi que l’on dise, perdent beaucoup de leur assurance et de leur équilibre psychique dans un déchirement difficile à colmater pendant une bonne partie de leur jeunesse.

L’autre fait à retenir est que ces séparations brutales ne sont pas uniquement le fait des hommes, mais elles sont aussi dues à la décision de plusieurs femmes qui, face à la difficulté de la vie conjugale, recourent à ce qui est connu sous l’appellation du “khol’â”. Mais que ce soit le fait des hommes ou des femmes, la finalité est toujours là même. Tragique et perturbante pour ces familles qui se disloquent et perdent beaucoup de leurs repères, laissant derrière elles de profondes interrogations quant à l’avenir de leur progéniture.

Un phénomène difficile à cerner et à y faire face, car il relève en priorité de la sphère privée des personnes. Car dans ces cas sociaux, on ne peut intervenir de manière conséquente pour changer le cours de décisions prises par des personnes qui sont les seules à savoir la limite de ce qu’on appelle dans notre société “la aachra”.

Mais il reste néanmoins des leviers à pouvoir actionner, et en premier desquels vient la réconciliation. Un moyen qui a besoin d’être encouragé de manière plus approfondie. Il s’ agit aussi de pousser les sociologues à accorder à ce phénomène plus de temps et d’espace pour d’abord l’expliquer, déterminer ses raisons et enfin apporter les solutions qui peuvent constituer une base de travail pour les pouvoirs publics.

60.000 divorces par an n’est pas un fait anodin, et n’est aucunement normal. Le phénomène mérite que l’on s’y penche plus sérieusement pour le disséquer de manière scientifique et approfondie, car il s’ agit de milliers de vies brisées d’une manière ou d’une autre, qui devront se réadapter à vivre dans une société en pleine mutation. L’après divorce est un moment difficile pour des hommes et des femmes qui doivent vivre avec cet échec majeur dans leur vie, mais c’est aussi et surtout un passage psychologique délicat et perturbant pour des enfants, dont beaucoup peuvent sombrer dans le mauvais côté et suivre des chemins aux lendemains tragiques.
Par Abdelmadjid Blidi

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