Oran Aujourd'hui

Un désordre indigne de toute notion de «modernisation» 

Depuis toujours, durant la période coloniale et bien après l’indépendance, l’exode rurale vers la grande ville de l’ouest algérien a été l’un des phénomènes sociaux les plus marquants et les plus pénalisant en matière de modernisation urbaine et d’organisation efficace de la vie collective .
Tous les Oranais parmi les plus âgés se souviennent des flux de nouveaux arrivants se regroupant ici et là dans divers endroits de la cité selon  leur origine géographique.
Ce qui a souvent entraîné l’appellation de certains sites par le lieu de provenance des familles qui y sont installées.
On a ainsi connu par exemple «Douar el Tiatiya», «Douar Zlamta», «Douar el ababsa» et bien d’autres noms à connotation géographique bien identifiable.
Même des familles marocaines, proches de la frontière, fuient le chômage et la misère dans leur pays pour venir s’installer discrètement dans les péripéties de la grande cité oranaise devenue une terre d’accueil incontournable.
Un exode qui avait permis à l’époque, il faut l’admettre, de fournir à Oran une main d’œuvre efficace et à bon marché notamment dans le secteur des cultures maraîchères, dans l’artisanat et le travail du plâtre décoratif pour les murs et plafonds des constructions.
Malheureusement, la ceinture de misère formée par les nombreux douars et bidonvilles qui allaient entourer Oran allait peu à peu impacter le paysage urbain et ouvrir grande la porte à une «ruralisation» galopante que d’autres qualifieraient de «clochardisation».
Malgré les grandes et belles réalisations d’infrastructures et d’équipements modernes devant combler les déficits et installer la ville au rang de métropole régionale digne de ce nom, de nombreux quartiers et de nouvelles grandes zones d’habitat sont restés hélas à la traîne pris en otage par des pratiques et des comportements sociaux propres à des formes de «ruralité» incompatibles avec la modernité et le progrès.
Ici et là, certains sites urbains de la commune d’Oran  redeviennent des «douars» où aucune des règles élémentaires du savoir-vivre en collectivité n’est respectée.
Ni par les habitants, ni parfois mêmes par les présumés gestionnaires du tissu urbain terni par les déchets, les trous, les tranchées, les «dos d’âne» improvisés, les trottoirs défoncés, et les mille et unes anomalies offrant au regard des passants indifférents des images de désordre et de laisser-aller indignes de toute notion de «modernisation»…
Ainsi va Oran.

Par S.Benali

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