Un premier pas dans le bon sens

A partir d’aujourd’hui dimanche le grand marché informel du quartier de Saint Pierre devrait être éradiqué et les marchands illicites concernés transférés au niveau du célèbre marché Michelet. Source de désordre et de clochardisation urbaine, le marché de la «placetta» au quartier St Antoine a toujours été dénoncé par les riverains impuissants face à certaines pratiques d’intimidation verbales et même physiques de la part de certains commerçants illicites. Des commerçants, affirment des témoins, « qui font leur propre loi, manient ostensiblement des armes blanches, et piétinent impunément les lois et les règlements urbains ».
Il fut un temps ou un ancien maire avait projeté de délocaliser ce marché illicite vers l’ancienne cave viticole située non loin de là au même quartier Saint Pierre, et qui avait été réaménagée. Un projet abandonné suite au refus des commerçants de quitter la rue squattée au détriment des véhicules et des piétons qui ont toutes les peines du monde à pouvoir y circuler. Le transfert, annoncé pour aujourd’hui, des commerçants du marché illicite de St Pierre vers le marché couvert de Michelet a surpris les observateurs de la scène locale qui savent que cette belle infrastructure datant de l’époque coloniale a été elle-même depuis quelque temps boudée et désertée par plusieurs marchands de fruits et légumes devant faire face à une grande baisse de leur chiffre d’affaire en raison de l’absence d’une clientèle attirée ailleurs par des prix plus abordables.
Il est vrai que le marché Michelet était connu pour sa clientèle plutôt aisée et les marchands de fruits et légumes affichaient des prix de vente bien plus élevés que dans d’autres marchés et d’autres sites de vente occupant des rues, des placettes et des trottoirs. A l’image de celui de St Pierre ou de l’avenue d’Arcole, juste en face du siège du secteur urbain d’Es seddikia, où toute une rue est occupée par les marchands et interdite à la circulation. Un fait accompli qui dure depuis près de trente ans et qui ne dérange nullement les élus et les autorités concernées. Mais il est vrai que l’éradication d’un marché illicite pose fatalement le problème de la nécessaire réintégration des marchands dans le processus vital du travail et du revenu pour subvenir aux besoins des familles.
En misant sur la délocalisation des marchands de St Pierre vers le marché Michelet, les gestionnaires communaux concernés espèrent régler définitivement l’anarchie urbaine provoquée par l’occupation des rues et ruelles dans ce quartier. Mais les mauvaises langues bien sceptiques évoquent le fameux projet d’aménagement de la rue de la Bastille, encore une fois abandonné et oublié, et ne s’empêchent de dire «qu’il est toujours permis de rêver». Même s’il faut reconnaître que c’est déjà là un pas dans le bon sens.
Par S.Benali