Le labyrinthe des carences et des tâtonnements
Pas moins de 40 bus exploités par l’entreprise de transport d’Oran ETO, sont en panne depuis des années. Selon un journal local, cette entreprise de transport urbain et suburbain, ne fonctionne actuellement qu’avec 25 bus en état de marche, soit près de la moitié du parc roulant. Selon la même source, la moitié des bus en panne et à l’arrêt, soit une vingtaine d’unités, seraient des épaves rongées par la rouille et irrécupérables. Les 20 autres bus restants, pourraient quant à eux être réparés et remis en service si les moyens sont mis à la disposition de l’entreprise qui, de 2014 à 2022, n’a bénéficié que de 14 bus supplémentaires. Malgré l’état des lieux désastreux de leur parc roulant, les gestionnaires de l’entreprise se plaignent en n’affirmant qu’aucune opération de renforcement de la flotte n’a été opérée, malgré leurs multiples demandes d’acquisition de nouveaux bus. Il y a quelques jours, une vingtaine de travailleurs, protestant contre la suspension de deux de leurs collègues syndicalistes, avaient empêché l’accès de plus de 350 employés de l’entreprise à leur poste de travail. Les travailleurs, membres du syndicat, ont été suspendus suite à un grave accident de bus qui aurait pu provoquer la mort de passagers. Une procédure disciplinaire a été engagée et une plainte au tribunal a été déposée. Mais cela n’a pas empêché le reste de l’équipe syndicale à organiser un «piquet de grève» jugé sauvage par les responsables de l’entreprise car non déclaré dans les délais. Cela illustre en tout cas le mode de fonctionnement et l’ambiance de travail qui règne dans cette entreprise et qui ressemble, à s’y méprendre à celle vécue par la vieille régie communale, RMTUO, avant sa faillite et sa dissolution il y a près d’une trentaine d’années. Les Oranais se souviennent de ces très nombreux bus en panne abandonnés disait-on pour «manque de pièces «, et qui ont fini en carcasses dépouillées et rouillées. C’était au temps du chaos des années de plomb et de l’impunité accordé par un système squatté par la prédation et l’incompétence dans tous les domaines. On se souvient à l’époque qu’une bonne partie de l’ancien personnel de la vieille entreprise communale dissoute après la faillite a été reversée aux effectifs de l’ETO, une entreprise de transport urbain créée par la wilaya. Et on connaît la suite. Durant les cinq premières années de démarrage, l’ETO a connu des grèves et des remous conduisant à chaque fois au changement du directeur en poste. Avec la moitié de son parc roulant hors service, on ne peut que s’inquiéter de l’avenir de cette entreprise qui semble, à son tour, prise en otage dans le labyrinthe des carences et de l’anarchie.
Par S.Benali