Oran Aujourd'hui

La Sebkha: site d’accueil d’un centre scientifique ?

Selon un journal de la presse locale, la direction des travaux publics de la wilaya d’Oran s’apprête à lancer «un projet de création d’un centre de loisirs scientifiques au lac Dhaya Morsli». La même source indique qu’un bureau d’étude entamera dans les tous prochains jours les travaux de conception d’un complexe comprenant des espaces verts, des circuits d’activités récréatives ainsi qu’un centre de recherche destiné aux universités et aux chercheurs.

Il est précisé toutefois que parallèlement à cette action, un projet de dépollution de la zone humide de Dhaya Morsli est prévu par «l’Observatoire national de l’environnement et du développement durable, financé par le Fonds national de l’environnement et du littoral qui mobilise une enveloppe de 150 millions de dinars» pour ce projet. On sait que ce projet de dépollution et d’aménagement de la zone humide Dhaya Morsli, plus connue sous le nom du «p’tit lac» d’Oran est évoqué depuis des lustres mais est toujours resté en instance malgré les annonces et les promesses des autorités locales successives.

Entre-temps, cette zone allait devenir un déversoir des eaux usées domestiques et industrielles. Les trois points de déversements recensés dans les années 80 se sont multipliés et on dénombre aujourd’hui selon des sources officielles pas moins de sept points de rejet d’eaux polluées dans cette zone humide censée être protégée. Une zone cernée par des habitations et des unités de production et qui a fait l’objet dans un passé récent de plusieurs annonces de lancement de projets d’études de dépollution et d’aménagement.

Il y a encore cinq ans, la ministre de l’environnement en poste à l’époque a, à son tour, annoncé un projet imminent d’aménagement et de réhabilitation de Dhaya Morsli, en précisant bien que ce projet ne pourrait jamais être lancé tant que les travaux de dépollution et d’éradication des rejets d’eaux usées ne sont pas lancés et achevés. Il se trouve qu’à ce jour rien n’a changé, et des interrogations demeurent toujours posées sur l’état des lieux et l’avancement des travaux de curage et de pose de canalisation devant éradiquer tous les points de rejets.

La zone humide de Dhaya Morsli, classée au programme Ramsar, n’ a jamais cessé de se dégrader, victime de multiple menaces écologiques et humaines dont l’industrialisation, l’avancée du béton et des constructions, l’érosion des sols liée à la sécheresse et au déboisement et surtout à l’incapacité des gestionnaires locaux à prendre en charge les problèmes de préservation du patrimoine naturel et de lutte contre les pollutions.

Sur les huit zones humides que compte la wilaya d’Oran, dont quatre sont classées RAMSAR, le lac Télamine, la Sebkha d’Oran, El Mactaa et les Salines d’Arzew, aucune n’a été épargnée par le laxisme et le renoncement des gestionnaires municipaux dépourvus il est vrai de moyens financiers et d’autonomie d’action permettant de mener ce défi dans de bonnes conditions.

Comment croire qu’à Oran, où les rejets d’eaux usées continuent de se déverser même vers la mer, la célèbre Sebkha puisse un jour sortir de sa triste réputation de déversoir d’eau polluée et devenir un lieu d’implantation d’un centre de loisirs scientifiques … Il n’est pas interdit de rêver.
Par S.Benali

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