EDITO

Quel Maghreb pour les Maghrébins

L’initiative maghrébine qui réunit les trois pays de la région, l’Algérie, la Tunisie et la Libye pourrait être une sérieuse alternative à l’Union du Maghreb arabe, organisation mort-née, asphyxiée par l’appétit expansionniste du Maroc. La nouvelle formule que développe les présidents algérien, tunisien et libyen ne semble nourrie d’aucune prétention particulière. Le président de la République a été on ne peut plus clair en abordant le sujet lors de l’entretien qu’il a accordé récemment à la presse nationale. Abdelmadjid Tebboune s’est voulu modeste quant aux ambitions censées animer les rencontres trimestrielles au Sommet. On aura même effectivement compris qu’aucune porte n’a été fermée devant les deux autres pays du Maghreb que sont la Mauritanie et le Maroc, mais n’en ouvre pas également. L’impression qui se dégage tient dans une sorte de crainte de refaire les mêmes erreurs.
Le Maghreb est peut-être la seule région au monde qui n’a pas réalisé son intégration économique. Pourtant, ses pays pratiquent la même langue officielle et leurs peuples parlent le même dialecte à quelques variations près. Même le tamazight est assez proche d’un pays à l’autre. Il y a donc dans cette division une sorte de hantise, même si le coupable est connu de tous. Outre qu’il a torpillé l’édification de l’UMA, le royaume chérifien a rendu la construction d’un ensemble cohérent impossible en offrant tout le Maroc aux appétits d’une entité sioniste, coloniale et raciste.
Durant toutes ces années de brouille au sein de l’espace maghrébin, les opinions publiques des cinq pays ont fini par comprendre la fonction de certains discours, à savoir qu’ils donnent aux dirigeants maghrébins l’impression de faire quelque chose. Sauf que pour cette fois, la franchise du président Tebboune ôte tout faux espoir d’un avenir unitaire, en l’absence de signaux forts de Tripoli, Alger et Tunis. On en est donc aux premières approches, on est, disons-le, dans l’informel. Il s’agit de ne pas vendre des illusions à des peuples, prêt à s’enflammer à la moindre annonce quelque peu positive. On pourrait le penser mais la réalité est que les peuples maghrébins le savent très bien. Ils ont été trompés tellement de fois, qu’ils attendent du concret pour réagir. A ce stade des pourparlers, il n’y a rien de concret, aux dires du président de la République.
La triste réalité de l’ensemble maghrébin n’intéresse pas grand monde en réalité. Même son fameux potentiel de consommateurs n’est pas vraiment au top des préoccupations des multinationales. Ils sont parvenus à s’ouvrir un à un tous les marchés de la région, sans avoir à attendre une unification. Voilà donc la réalité du Maghreb : des voisins qui n’ont pas de raison de se détester, mais ne s’aiment pas pour autant.
Par Nabil.G

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