Aménagements de zones urbaines : mettre un terme aux replâtrages et aux improvisations…
Selon une annonce de la direction locale de l’Urbanisme reprise par la presse locale, le périmètre urbain de la «pêcherie» va faire l’objet d’un lancement imminent «d’une étude globale d’aménagement et de réhabilitation urbaine à la hauteur des attentes et des ambitions de la capitale de l’ouest algérien».
On sait que depuis des décennies, le précieux site de la Pêcherie oranaise n’a jamais connu d’opération urbaine digne de ce nom, permettant de valoriser cette zone située à la sortie ouest de la ville vers les communes et les plages de la célèbre corniche oranaise. Bon nombre d’observateurs avisés se sont d’ailleurs souvent demandé pourquoi cet espace si important pour l’image et la mémoire de la cité est resté aussi longtemps marginalisé et pénalisé par un déficit hallucinant de rigueur et de réflexion sérieuse sur son intégration harmonieuse au tissu urbain.
Cette zone de la Pêcherie, a certes connu plusieurs opérations, initiées, étudiées et certaines lancées, devant permettre, disait-on, de donner au site un cachet urbain digne des ambitions de la ville en matière d’attractivité et de mobilité. Encombrée par un flux croissant de véhicules en circulation, défigurée ici et là par des immeubles vétustes en délabrement avancé, cette aire de sortie d’Oran vers la corniche a fait l’objet de temps en temps d’opérations de rafistolage devenues très vite inutiles et bien insuffisantes à régler la situation à moyen et à long terme. Comment croire que de simples aménagements de rondpoint, de trottoirs et de quelques aires de stationnement auraient pu suffire à sortir la zone de la pêcherie de la morosité et des désagrégements urbains qui y règnent depuis plus de quarante ans? Il y a une quinzaine d’année, les autorités locales en place à l’époque avaient déjà évoqué l’étude d’un grand projet d’aménagement touristique incluant la réalisation d’aires récréatives et touristiques, avec restaurants de poisson et de fruits de mer, boutiques pour les activités nautiques, un aquarium géant, des aires de jeux pour enfants, et même d’un «musée marin retraçant l’histoire du littoral d’Oran». Mais depuis, rien de significatif ou d’important n’a été engagé afin de mettre un terme à la marginalisation de ce périmètre urbain et de le sauver du spectre de la clochardisation.
Commentant cette énième et nouvelle annonce de lancement imminent d’une étude globale d’aménagement du quartier de la pêcherie, les mauvaises langues locales n’ont pas manqué d’évoquer bien d’autres projets similaires annoncés depuis longtemps, tels que la restructuration urbaine de Sidi El Houari, du quartier Derb et des Planteurs, qui traînent et restent en instance depuis bientôt quarante ans.
A défaut d’une véritable dynamique d’urbanisation visant à créer de façon durable des espaces attractifs de progrès et de modernité intégrés au tissu urbain dans toutes les composantes, économique, sociale, historique et patrimoniale, ce quartier de la pêcherie risque de rester encore condamné aux simples mesures de replâtrages et d’improvisations abusivement inscrites au registre de l’aménagement et de l’amélioration urbaine.
Comme bien d’autres projets et opérations en attente de lancement depuis parfois plusieurs décennies. A l’image de la carcasse de l’ex-hôtel Châteauneuf qui nargue le regard des visiteurs depuis un demi-siècle, de l’ex «Palais des Congrès» de Hai Es Sabah renommé «centre multiculturel», mis en chantier il y a plus de vingt ans et toujours en «voie de finition», ou encore de la rue-marché ex-La Bastille toujours coincés dans un pitoyable état de saleté, de délabrement et d’anarchie… Jusqu’à quand?
Par S.Benali