Une junte dans l’impasse
La menace sur la stabilité du Mali n’a jamais été aussi précise que ces derniers temps. Les groupes armés du GNIM sont aux portes de Bamako. La junte au pouvoir a créé cette impasse politico-sécuritaire, par ses comportements irresponsables. La conséquence en a été une crise sociale et économique d’une dimension insoupçonnable. Le président de transition de ce pays disait à sa prise de pouvoir que sa principale mission sera de sécuriser le Mali et de sanctifier sa capitale. Le chaos à Bamako devait être la ligne rouge.
C’est pourtant le scénario qui se profile à l’horizon. Les exactions contre les populations maliennes du nord du pays perpétrées par les troupes de Goïta aura constitué un facteur déstabilisant de la situation, au même titre que le terrorisme. Les souffrances infligées aux citoyens et les comportements violents des soldats au motif d’une simple suspicion de collaboration avec AQMI, le GNIM ou encore le MNLA relèvent de l’acte extrajudiciaire qui mène le plus souvent à la révolte et au rejet pur et simple du pouvoir central. De fait, Bamako a produit le résultat contraire à celui recherché par la junte. Si avant, la population n’était pas totalement convaincue de l’idée de l’indépendance de l’Azawad, avec de telles pratiques, les indépendantistes ont gagné du terrain et compliqué les choses au pouvoir central et à tous les pays qui jurent par l’unité territoriale du Mali.
Devenant une revendication populaire, l’option séparatiste pourrait donc prendre une autre dimension et toutes les actions armées contre la région du nord ont aggravé un fort sentiment d’une guerre contre des aspirations « légitimes » d’un peuple. A moins que, depuis le début, tout soit fait pour parvenir à cette finalité.
Après avoir dit tout cela, il existe une donne nouvelle, présentée comme émancipatrice de toute la région du Sahel. En effet, la création de l’alliance des Etats du Sahel était vendue comme un saut exceptionnel d’une promesse de décolonisation effective de la région. Dans la panoplie de décisions prises par les trois présidents de l’AES figurait le principe de solidarité et de défense commune. Or, lorsqu’ on voit l’attitude timide et Niamey et Ouagadougou, l’on ne misera pas un centime sur cette solidarité saharienne. L’épisode du Mali est-il un prélude à la disparition de l’AES? La question est légitime et annonce malheureusement d’autres épisodes qui provoqueraient l’effondrement du Niger et du Burkina Faso. Disons-le donc qu’au départ le ver était dans le fruit . L’Afrique subsaharienne est aux portes d’une période difficile.
Par Nabil.G