Oran Aujourd'hui

Des «Zones d’ombre» en milieu urbain ?

Le lieu dit «El Hassi» connu à Oran est sans doute actuellement l’une des plaies urbaines qui reflète au mieux la croissance anarchique de la grande ville et la gestion aléatoire de l’aménagement du territoire. Un peu à l’image des anciens douars qui formaient jadis la ceinture de misère autour d’Oran, comme Sidi El Bachir, Douar Belgaid, douar Bouamama, Chteibo, et bien d’autres, la grande zone d’El Hassi rassemble aujourd’hui une population venue de tous les coins du pays et vivant dans un environnement urbain clochardisé et dépourvu de structures et des moyens élémentaires permettant une vie sereine dans le confort élémentaire et le progrès. Ici, et depuis toujours, aucune démarche ou initiative n’a été lancée pour aménager ou embellir le cadre urbain et le rendre quelque peu attractif et agréable. Au fil des ans, ce grand quartier, devenu une véritable agglomération urbaine, a peu à peu grignoté des hectares de terres forestières et agricoles sans pour autant inquiéter les pouvoirs publics et les responsables successifs concernés. Ici, les habitants ne cessent de revendiquer des actions visant à résoudre les problèmes rencontrés dans tous les domaines de la vie quotidienne, de l’éducation des enfants et de la santé en passant par la sécurité, la mobilité, les VRD et l’hygiène publique. Ici, il arrive très souvent de voir des groupes d’enfants jouant dans une ruelle presque entièrement inondée par les eaux usées, dans un décor répugnant de saleté. Les rues impraticables sont surchargées par les ralentisseurs, des «dos d’âne» érigés devant presque chaque habitation. Des inepties incroyables qui s’ajoutent aux effets de l’incivisme et à l’absence de totale de toute notion de «citoyenneté constructive». Une notion pourtant clamée haut et fort par certains acteurs, militants dans des sphères associatives qui feraient mieux, disent les mauvaises langues, de se battre pour la connexion du quartier au réseau de gaz de ville que les habitants espèrent et attendent depuis des années. Les coupures d’eau potable, l’éclairage public défaillant, l’enlèvement aléatoire des ordures ménagères, l’absence totale d’entretien et de maintenance des chaussées, le décor hideux du cadre de vie livré à la saleté et à l’abandon, et aussi l’absence totale et permanente des autorités communales font de ce quartier d’El Hassi une «véritable zone d’ombre devant être prise en charge comme celles qui ont été dénoncées il y a quelques temps par le chef de l’Etat lui-même et qui avaient mobilisé tous les moyens et les efforts des autorités locales concernées…». Mais cette comparaison, avancée par un habitant d’El Hassi, reste une jérémiade abusive, tant il est vrai que les ex-croissances sauvages , formant de futures zones de misère et d’anarchie urbaine autour de la grande ville n’ont rien de commun avec ces zones rurales enclavées et marginalisées qu’il faut aménagé au plus vite pour éviter justement la «fuite des habitants vers la grande ville». Il est toujours permis de rêver…
Par S.Benali

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