L’Algérie, ses automobiles et son blé
Nous sommes le 1er février et toujours pas de cahier des charges pour l’importation de véhicules neufs. Beaucoup d’Algériens en attente d’une libération de ce marché n’étaient pas très enthousiastes, sachant le peu de volonté dont font montre les pouvoirs publics pour réveiller une filière, faut-il le constater, très coûteuse pour le trésor public en devises fortes. Tous les observateurs attestent du caractère onéreux et assez peu rémunérateur pour l’économie nationale qu’auront été les nombreuses années où le pays importait des voitures à tour de bras. Il y a à peine une dizaine d’années, le marché national de l’automobile ne cessait d’enfler à vue d’œil. Sa croissance était à deux chiffres. Il progressait tellement vite, que
l’Algérie a trouvé une bonne place sur les tableaux de tous les constructeurs mondiaux, comme un marché de premier ordre. La comparaison qu’on pourrait faire avec les céréales où notre pays s’impose comme l’un des plus importants importateurs et principal « soutien » à la céréaliculture française notamment, tiendrait facilement la route. La comparaison ne s’arrête pas là. L’opinion nationale s’est toujours interrogée, à juste titre, pourquoi le rendement céréalier national n’a pas dépassé les 18 quintaux à l’hectare, obligeant le gouvernement à importer de plus en plus, d’année en année. La même opinion publique se demande le pourquoi de l’absence d’une industrie automobile, malgré le formidable potentiel d’un marché pouvant supporter jusqu’à 500.000 véhicules par an. Les deux interrogations n’ont toujours pas de réponse. L’ordre présidentiel de doubler la production des blés en Algérie peut être un début de réponse. En attendant, la France a constitué pendant longtemps une destination de choix dans les céréales, comme dans l’automobile.
Cette «coïncidence» a toujours constitué un objet de «réflexion» pour nombre d’experts qui ont monté beaucoup de scénarios autour des relations entre l’Algérie et l’ancien colonisateur. En ces temps où de l’autre côté de la Méditerranée on s’interroge sur le passé colonial de la France en y mettant des mensonges éhontés, toute interrogation sur le made in France sera certainement utilisée par les ultra français pour appuyer leur thèse fantaisiste. Mais ne cédons pas aux mensonges et soulignons, dans le même temps, l’intérêt pour l’Algérie et la France d’édifier des relations d’égal à égal. Les travaux de la commission d’experts préparatoire de la réunion de la haute commission intergouvernementale algéro-française attestera peut-être d’un changement de paradigme. A savoir qu’entre les deux pays, la situation n’est ni totalement noire ni totalement clean. A Alger comme à Paris, il y a sans doute beaucoup à faire, mais bien plus à Paris qui doit se débarrasser de son lobby colonialiste et malfaisant.
Par Nabil.G