Laxisme, incompétence et fuite des responsabilités
On a appris hier par la presse locale que le wali d’Oran a lui-même supervisé une opération d’évacuation de commerçants de matériaux de construction qui occupaient l’espace public en exposant leur produits, des palettes de briques, de parpaings, des tuiles, de la faïence, de la céramique, du sable, du ciment et du gravier, et des tonnes de rond à béton aux abords de la chaussée. Un décor connu depuis longtemps et toujours dénoncé par les piétons et les automobilistes qui subissent, impuissants, les désagréments et les risques évidents de ce commerce illicite ayant franchi les limites de la tolérance et du raisonnable. Beaucoup d’Oranais, sur les réseaux sociaux, ont applaudi à cette initiative du wali, sans omettre de dénoncer le laxisme et l’incapacité des autorités communales concernées qui n’ont jamais osé lever le petit doigt pour mettre un terme à ce chaos organisé. Certains commentateurs n’ont pas hésité à affirmer que parmi ces revendeurs de matériaux de construction, un grand nombre seraient affiliés à des sphères proches de certains notables et élus locaux «qui espèrent et attendent des affectations de petites parcelles foncières pour régulariser leur activité commerciale». «Ramassez votre matériel et vos produits et quittez immédiatement ces espaces que vous occupez illégalement» leur a déclaré le wali d’Oran en visitant l’endroit. Une phrase simple et claire qui aurait suffi à n’importe quel autre représentant de l’autorité communale, première concernée, à rappeler aux uns et aux autres les lois et les règlements en matière d’occupation de l’espace public. Mais il se trouve que le système de gestion municipale a été depuis longtemps déréglé et gangréné par des dysfonctionnement et des paradoxes bien difficiles à éradiquer. En menant lui-même cette opération coup de poing contre des commerçants de matériaux de construction qui occupent et bloquent la voie publique, le wali d’Oran a sans doute compris à quel point les notions de citoyenneté et de respect des règles du vivre ensemble étaient aujourd’hui menacées par une ambiance d’impunité forgée par certains acteurs adeptes des tricheries, des arnaques et des agitations sociales servant à «couvrir certains intérêts». L’occupation illicite des trottoirs, chaussées et espaces publics, tout comme les retards, et les échecs, enregistré dans la réalisation de certains projets et opérations d’aménagement urbains relèvent tous du même registre du laxisme, de l’incompétence, du manque d’engagement et de la fuite des responsabilités propre à un vieux système de gouvernance locale devant être totalement révisé .
Par S.Benali