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Les Emirats, l’heure des comptes a sonné

C’était une guerre oubliée dont personne ne parlait ou très rarement et qui a subitement pris le devant de la scène politique et médiatique internationale. Ce qui se passe au Soudan domine désormais les débats à tous les niveaux. Que ce soit au niveau de l’ONU ou dans les discussions bilatérales ou multilatérales. L’inquiétude est de plus en plus grande face aux horribles crimes commis dans ce conflit fratricide. Les lignes commencent à bouger. Et il devient de plus en plus inadmissible de se taire sur ce qui est désormais qualifié par l’ONU de la pire crise humanitaire au monde de ce début de siècle.

La prise de la ville d’El Fasher par les Forces de sécurité rapide (FSR) du général Hemitti, et les exactions qui s’en étaient suivies, ont braqué tous les regards sur cette région du monde. L’horreur qui s’y est installée a dépassé toutes les limites de l’horreur entre exécutions sommaires, viols et tortures. La guerre civile dans laquelle est empêtré le Soudan depuis 2023, opposant l’armée régulière et les FSR, a déjà laissé derrière elle plus de 40.000 morts et 15 millions de déplacés.

Une population civile privée de tout, faisant face à la famine et à la soif, et bravant des conditions de vie inhumaines qui risquent d’aggraver encore plus une situation déjà insoutenable. Cet état des faits a poussé, depuis quelque temps, les Américains à s’intéresser de plus près au drame qui se déroule au Soudan.

Bizarrement c’est à ce même moment, qu’un pays du Golfe commence à s’agiter dans tous les sens pour appeler à une solution rapide au conflit. En effet, les Emirats Arabes Unis ont multiplié les sorties ces derniers temps pour se placer en faiseur de paix. Une attitude qui ne convainc personne, car tous les rapports que ce soient ceux réalisés par les experts de l’ONU, les ONG et même la presse désignent ce pays comme le premier instigateur du drame actuel. Les Emirats sont le premier appui des FSR, lui fournissant armes et argent dans cette guerre d’un autre âge. Ce même pays est aussi derrière d’autres conflits comme en Libye, en Somalie et au Yémen. Et il est peut-être venu le temps où il doit rendre compte de toutes les magouilles et actes de déstabilisation qu’il orchestre dans le monde arabe.

Marco Rubio, sans citer les Emirats, a indiqué que « quelque chose doit être fait pour arrêter les livraisons d’armes et le soutien dont bénéficient les FSR, alors qu’ils continuent leurs avancées », ajoutant, sans citer encore une fois le pays des Al Nahyane, que les armes fournies aux paramilitaires « transitent par certains pays, nous savons lesquels et nous allons leur en parler pour leur faire comprendre que cela va nuire à leur image et à celle du monde entier ». Depuis, des rencontres entre Américains et Émiratis ont eu lieu pour mettre les points sur les “i”.

Mais si les Américains pourraient s’arrêter là, en intimant l’ordre à Abu Dhabi d’arrêter son jeu trouble au Soudan, cela pourrait ne pas être le cas de la CPI qui examine une série de crimes commis au Darfour contre la communauté Masalit dont des massacres, viols et déplacements forcés. Une enquête qui pourrait toucher aussi les soutiens extérieurs du FSR en tête desquels viennent les Emirats Arabes Unis.

Par Abdelmadjid Blidi

 

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