EDITO

Les mots et les actes

Les séjours algérois de hauts responsables étrangers à divers niveaux, qu’ils soient chef d’Etat ou ministres sont instructifs à plus d’un titre. L’on attend la visite du président Erdogan et elle ne différera pas des autres en matière de leçons à apprendre. Tout ce beau monde nous renseigne à nous autres Algériens sur tout l’intérêt que portent  les Etats étrangers, indépendamment de leurs régimes, au plus grand et «appétissant» marché d’Afrique du nord. Il n’y a pas de secret là dedans. Bien entendu, chaque dirigeant n’omet jamais, à l’image de tous les autres qui l’ont précédé, de nous répéter que son pays est un important investisseur étranger en Algérie. Erdogan que nous attendons et avant lui, l’Italienne Meloni et bien d’autres font quasiment la même remarque à leurs interlocuteurs algériens. Les interlocuteurs étrangers n’oublient jamais de mettre en exergue l’attitude très positive des opérateurs de leurs pays présents en Algérie. Le réinvestissement des bénéfices engrangé sur place en est l’un des arguments les plus usités. Nous autres Algériens, sommes censés comprendre que les hommes d’affaires internationaux ont le cœur sur la main, dès qu’il est question de l’Algérie.

 

Le scénario est certes bien huilé, mais à force de le servir à certaines échéances, les responsables algériens ont dû l’apprendre par cœur. Cela sans parler des propos gentils qu’adressera l’hôte de l’Algérie aux opérateurs algériens, les encourageant, bien entendu, à fructifier leur affaires avec leurs partenaires de son pays. Il va sans dire que le responsable étranger ne se hasarde pas à expliquer la nature de ce «partenariat», lequel consiste en une relation fournisseur-client. Disons-le donc clairement, quelque soit leurs rangs, les étrangers viennent spécifiquement en qualité de VRP de leurs économies respectives. Ce qui les intéresse en Algérie, c’est d’abord son pouvoir d’achat.

 

Mais on ne s’entendra jamais dire cela. Non. Nos invités préfèrent un vocable bienveillant et des expressions bien étudiées comme  le «gagnant-gagnant», le «mutuellement profitable», le «co-développement»…. Bref,  tous ces visiteurs feront leur boulot de ministre du Commerce, des Affaires étrangères, de Premier ministre et même de Président. Et si l’Algérie n’y prête pas attention, le «gagnant-gagnant» prendra une autre définition sur le terrain. Il suffit de jeter un œil sur les chiffres du commerce extérieur avec certains pays précisément pour constater que les centaines de millions voire de milliards de dollars, que ces partenaires exhibent à chaque déplacement à Alger ne pèsent pas lourd dans la balance lorsqu’on les compare aux chiffres que leurs entreprises réalisent en vendant des biens de consommation, sans valeur ajouté ni de transfert de technologie. S’il faut tirer une conclusion de cet état de fait, ce sera celle de constater que les mots, ce ne sont que des mots. Il reste les actes.

 

Par Nabil.G

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