Les incendiaires de la mémoire
Lorsque les départs de feu sont l’œuvre d’individus, il est très difficile de combattre des incendies. Ce n’est pas la bonne saison pour en parler, mais le lancement de l’ambitieux programme de reboisement de ce qui a été détruit par des mains criminelles, en juillet dernier, autorise d’aborder le sujet. Il est donc d’autant plus opportun d’en parler, que les incendiaires avaient des intentions politiques, celle de provoquer une césure dans le corps social national. Ils voulaient diviser le peuple et plonger le pays dans le chaos. En cette veille du premier novembre qui vient nous rappeler l’épopée libératrice du peuple algérien qui a fait montre d’une unité à toute épreuve face à la puissance coloniale, une autre race incendiaire s’est invitée ces derniers jours. Ce sont les descendants des colonisateurs coincés à une époque de l’histoire et ne veulent pas en sortir. Ils allument leur brasier et soufflent sur les braises jusqu’à en faire un immense incendie mémoriel qui leur revient généralement à la figure.
Mais, ils aiment cela. Ils carburent aux petites phrases assassines. Ils ne laissent passer aucune occasion pour réinventer leur monde et lui trouver des vertus, en habillant leurs parents tortionnaires, criminels de guerre et colonialistes hideux, de consumes faussement civilisateurs. Ils savent bien, ces nostalgiques de l’ère coloniale, que leurs auditeurs ne pourront jamais imaginer toutes les douleurs des peuples colonisés. Tous les films, les photos et les récits d’historiens ne renvoient pas l’image réelle de la longue nuit noire coloniale. Le sentiment du colonisé n’est pas quantifiable. C’est la pire chose qui puisse arriver à un être humain après l’esclavage. C’est même comparable à certains points de vue.
Les Le Pen, père et fille, Eric zemmour, rejoint récemment par Emmanuel Macron, soufflent sur la braise et entretiennent sciemment l’incendie, histoire d’empêcher que les peuples algériens et français de relire leur histoire commune et en admettre toute les vérités crues de l’invasion, l’acculturation, la dépossession, la tentative de mise à mort de toute une identité.
En fait, les nostalgiques de l’Algérie française et leurs descendants savent que le peuple algérien connaît ses ennemis. Son objectif n’est pas de culpabiliser toute la France comme l’ont fait les Juifs. Les Algériens n’en veulent qu’à ceux qui leur ont fait du mal. Ces derniers cherchent à entretenir l’incendie pour passer inaperçus dans la confusion. Car, le jour où il leur sera impossible de créer des situations de grande confusion, ils seront démasqués et reniés par le peuple français.
Par Nabil G