Une crédibilité douteuse

« Tout en continuant à soutenir la Cour pénale internationale (CPI), nous proposons de mettre en place un tribunal spécial soutenu par les Nations unies pour enquêter et poursuivre en justice les crimes d’agression de la Russie contre l’Ukraine ». C’est la « nouvelle bonne idée » de la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen. Une proposition qui veut surtout faire exister l’Europe. Une Europe qui a perdu clairement toute influence sur le cours des profonds changements géostratégiques qui se mettent en place, avec les trois grands acteurs que sont les États Unis d’Amérique, la Russie et la Chine.

D’ailleurs Mme von der Leyen multiplie les sorties médiatiques depuis le début du conflit ukrainien, tout comme les visites à ce pays, mais sans grand succès, sinon une gesticulation stérile et souvent abusive et parfois même déplacée.

On ne pourrait peut être pas reprocher à cette dame son souci de justice et sa détermination à « châtier » ceux qu’elle qualifie de criminels de guerre. Mais alors que cela se fasse partout où il y’a et il y’a eu des crimes de guerre. Et commençons par trainer les criminels sionistes qui continuent sans interruption leurs exactions systématiques contre le peuple palestinien, qui lui n’a pratiquement aucune arme pour se défendre, contrairement à l’Ukraine qui bénéficie de dizaines de milliards de dollars occidentaux et des armes occidentales les plus sophistiquées. On aurait aimé entendre von der Leyen sur ces crimes aussi, comme d’ailleurs tous les autres crimes qui ont été commis sur les peuples syrien et irakien. Si on doit faire les choses bien, alors allons au bout de la logique de justice et créons ces tribunaux spéciaux pour « tous les criminels de guerre » et arrêtons cette politique à géométrie variable prônée par la responsable européenne et d’autres responsables occidentaux.

Cette guerre en Ukraine, qui est une sale guerre, comme toutes les guerres d’ailleurs, a mis surtout en lumière l’injustice et le parti pris de ces bonnes consciences qui retrouvent leur âme charitable dans certains conflits, et ferment totalement les yeux face à des atrocités encore plus horribles ailleurs.

Le monde n’ira pas mieux face à tant de dénis et d’injustices, et on ne peut se proclamer justicier quand on s’entête dans la politique des deux poids deux mesures. Pour prétendre être juste, il faut être crédible. Et l’Occident n’est, tout simplement, pas crédible.

Par Abdelmadjid Blidi