Sauvegarde du patrimoine : le nécessaire changement vers le progrès et la modernité
Lors d’une rencontre tenue récemment à Oran autour du thème «Les Espagnols en Algérie: passé et présent», les animateurs avaient bien souligné que la capitale de l’Ouest algérien compte plusieurs sites et monuments «porteurs d’une importante charge historique», « Un patrimoine architectural et culturel qu’il faut absolument sauvegarder et préserver avaient souligné tous les intervenants algériens et étrangers présents à cette rencontre organisée pour célébrer le mois du patrimoine.
On sait malheureusement que si quelques rares monuments, comme la vieille chapelle de Santa Cruz ont pu résister à l’usure du temps et bénéficier de belles opérations de restauration, d’autres sites ont été abandonnés, livrés à l’effritement propre au vieux bâti oranais.
Des sites qui continuent de subir les agressions du mauvais temps et les effets néfastes de l’ignorance, du laisser-aller et de l’abandon. Le quartier historique de Sidi El Houari en est l’exemple édifiant. La Vieille ville d’Oran, un carrefour de plusieurs civilisations, est trop longtemps restée dans un état de clochardisation indigne des discours et des tâtonnements sur la promotion du tourisme et la valorisation des sites historiques attractifs.
Les effondrements du vieux bâti de la cité n’ont pas cessé de semer les ruines et parfois le deuil de familles ayant perdu un proche dans l’affaissement d’un mur ou d’une toiture.
Même des édifices importants, comme l’ancienne préfecture ou le siège de la belle mairie aux deux lions sont sévèrement touchés, sans que les anciens décideurs locaux et même centraux ne daignent engager de sérieuses opérations de restauration. Selon des experts, le Vieil Oran recèle plusieurs sites historiques et archéologiques pouvant attirer touristes et visiteurs dont plus d’une cinquante sont classés au répertoire des monuments non classés. Une quinzaine d’autres ont été quant à eux inscrits dans la liste des monuments nationaux témoignent d’époques historiques connues dans la capitale de l’Ouest algérien.
Mais globalement, l’image du quartier de Sidi El Houari reste désolante. D’anciens immeubles, d’anciens édifices, d’anciennes écoles, et même le vieux célèbre hôpital Baudens totalement abandonné et livré au vandalisme, sont dans un état déplorable, s’effritent et risquent de s’effondrer. La place de la Perle, ex- place la Blanca, au cœur de la vieille ville, est loin d’être le centre d’un quartier pittoresque et attractif, animé par des petits commerces d’artisanat, des petits cafés conviviaux et des ruelles propres, chaleureuses et animées par des troupes de folklore traditionnel local.
C’était pourtant là le rêve de tous les anciens oranais, aujourd’hui déçus et frustrés par l’incapacité chronique des anciens gestionnaires à pouvoir tenir leurs promesses et leurs engagements. D’autres vieux quartiers, comme «Scalera» dit «la Calère», construit dans les années 1500, ne compte plus que quelques rares maisons ayant survécu aux campagnes de démolition lancées depuis les années 1970.
Lueur d’espoir: Les observateurs avertis notent aujourd’hui un élan et un engagement des autorités locales dans la prise en charge de ce grand dossier. Mais la volonté de changement vers le progrès et la modernité est encore loin d’être collectivement partagée…
Par S.Benali