Le pire se jouera à huis clos
Alors que les évacuations des ressortissants occidentaux et de quelques afghans ayant servi les armées occidentales tirent à leur fin, l’Afghanistan semble à la porte d’un avenir où rien n’est sur et rien n’est définitif. La décision des Américains et de leur président de tirer un trait définitif sur l’Afghanistan est, en tout point de vue, non négociable et définitivement tranchée. Il reste bien sur quelques palabres d’acteurs de seconde zone, en particulier les Français, mais tout le monde sait qu’ils disparaîtront immédiatement après la sortie totale des Américains.
Il restera alors dans ce pays meurtri, trois forces : les Talibans, l’Etat islamique, et les forces du fils du Shah Massoud , Ahmed Massoud dans le Panchir.
Et entre les trois le peuple afghan qui devra encore une fois et pour longtemps vivre sous les diktat d’extrémistes prêts à tout pour garder la main sur un pays abandonné de tous et de toutes parts. Après les derniers attentats de l’aéroport de Kaboul, il devient clair qu’une longue guerre est en train de s’installer, encore une fois, dans ce pays. Entre les Talibans et les combattants de l’EI ce sera une guerre jusqu’à la mort, où il n’y aura ni vainqueur ni vaincu, mais un long affrontement qui fera revenir le pays aux années les plus sombres de son histoire.
Aujourd’hui encore sous les projecteurs de l’actualité et des caméras du monde entier, l’Afghanistan finira par tomber dans l’oubli et dans l’anonymat d’ici quelques semaines. Et c’est pendant cette période que l’on assistera aux pires crimes pouvant être exécutés dans un pays. C’est pendant cette période que le peuple afghan aura à affronter les pires brimades, sévices et injustices qu’aucun peuple ne pourra subir au monde. Ce sera une guerre à huis clos où tous les coups seront permis entre des factions qui ne croient qu’à la force et au bruit des balles et des meurtres.
Les Occidentaux qui seront déjà partis, après avoir échoué pendant de longues années à sortir l’Afghanistan de son sous développement et de son cycle permanant de la violence, regarderont de loin le gâchis qu’ils ont laissé derrière eux , et comme toujours refuseront de reconnaître une quelconque responsabilité. Ils seront déjà dans une autre partie du monde à parler de démocratie, de droits de l’homme et d’autres mensonges qui lui permettront de mettre d’autres pays sous leur coupe, pour faire avancer leurs causes et leurs intérêts, avant de partir et de laisser derrière d’autres drames et d’autres peules en plein désoeuvrement.
Par Abdelmadjid Blidi