Oran Aujourd'hui

Gestion du personnel municipal: comment éviter la fraude et les tricheries ?

Il y a quelques jours, plusieurs employés de la commune d’Oran, selon un journal local, ont été suspendus pour «cumul de fonction», pour non respect de la réglementation qui interdit à un fonctionnaire d’exercer un emploi rémunéré dans un autre secteur tout en occupant un poste au sein d’un organisme ou d’une institution de l’Etat.
Dans le cadre d’une opération de contrôle et d’assainissement des listes du personnel exerçant à la mairie d’Oran, il a été découvert que pas moins de 130 agents percevant un salaire de la commune exerçant ailleurs une autre activité rémunérée, dont 28 détenteurs de carnets de taxi et 102 autres ayant des registres de commerce divers.
Selon un cadre de la direction de l’Administration locale de la wilaya, cité par le journal, cette opération d’assainissement des listes du personnel de la commune, ordonnée par le wali, aurait été «menée avec une vigilance remarquable» et aurait donc permis de dénicher les fraudeurs parmi les quelques 7 000 employés que compte la grande APC oranaise.
Il est vrai qu’en termes de population, Oran est la plus grande commune du territoire. Car contrairement à Alger, la capitale, le territoire de la Commune d’Oran n’a pas été reconfiguré en plusieurs mairies d’arrondissements totalement décentralisées et autonomes. On sait, de ce fait, que la daira d’Oran ne compte qu’une seule commune, celle d’Oran, le chef-lieu de la wilaya.
C’est là encore un paradoxe qui ne cesse de susciter des polémiques et des interrogations sur l’organisation territoriale actuelle de la commune d’Oran et même de la wilaya, ou dans certaines daira comme Béthioua et Ain el Turk quelques élites sociales réclament la promotion de leur collectivité locale en wilaya déléguée.
Mais pour les observateurs avertis, cette surcharge en personnel au niveau de l’APC d’Oran est également liée au cumul, depuis des décennies, de recrutements abusifs et anarchiques, au gré des nouveaux élus arrivant aux commandes municipales à chaque mandat successifs.
Il y a plus d’une vingtaine d’année, un grand scandale avait éclaté quand les Oranais ont appris que des centaines de travailleurs saisonniers fictifs étaient enregistrés sur les listes de justification des dépenses par caisse pour le paiement en espèces des ouvriers temporaires chargés de l’entretien des verdures le long des grands boulevards. Le responsable concerné a été finalement arrêté et mis en détention pour détournement d’argent public.
Mais le phénomène n’a pas pour autant été éradiqué car les mauvaises langues locales pointent du doigt et citent même les noms de certains agents payés mensuellement par la mairie mais qui ne mettaient jamais le pied dans l’enceinte d’un quelconque service communal.
Des employés de bureau, des présumées secrétaires, des attachés d’administration, et même des dessinateurs projeteurs sans travail après la dissolution du bureau d’études architectural de la ville, le BEVOR, percevaient un salaire tout en exerçant ailleurs dans le secteur privé. Certes, ces vieilles situations d’anarchie et de dérives extrêmes ont quelques peu reculé, mais rien n’indique encore que la gestion du personnel municipal répond désormais aux normes réglementaires permettant d’éviter la fraude et les tricheries…
Par S.Benali

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